Kate Winslet, Cameron Diaz, Jude Law, Jack Black
Chaque année, à la même période, les enfants se réjouissent de l’arrivée du Père Noël, les gourmands des truffes et massepains qui signent la fin de l’année pendant que les amateurs de ce que Truffaut appelait « cet autre tendance du cinéma » (*) attentent les comédies qui les distrairont de la banalité ou des difficultés de leur vie quotidienne.
Parfois c’est la déception (« Deck the halls » de John Whitesell) parfois c’est le chef d’œuvre qui devient, au fil des ans, le must de Christmas comme ce film de Capra « Life is beautiful » qui est rituellement diffusé sur les plus grandes chaînes de la télévision américaine le 25 décembre.
« The holiday » n’a certes pas l’aura de la Capra touch mais il a pour lui de tenir les promesses du genre : actrices glamour, humour bon enfant, décors de rêve, intrigue superficielle au cours de laquelle les cœurs brisés retrouveront des raisons d’espérer.
Deux jeunes femmes décident d’échanger leurs maisons le temps des vacances de fin d’année.
L’une est américaine - une Cameron Diaz qui se caricature (volontairement espérons-le) jusque dans ses moindres mimiques, l’autre anglaise - une Kate Winslet à laquelle on n’est pas sûr de pouvoir toujours pardonner le galvaudage de son talent dans des œuvrettes tellement en dessous de ses dons et capacités. (« Heavenly creatures » « Holy smoke »).
Faut-il prendre comme une forme de courageuse mise à distance ou de douloureux cynisme le fait que Winslet se prénomme, dans « The Holiday » Iris, c’est-à-dire le même prénom que celui de l’écrivaine Murdoch dont elle interprétait magistralement les jeunes années dans le film éponyme de Richard Eyre ?
Sur cette idée de home switch qui semble un must des années 2005/2006 (ce même thème a inspiré le « Tara Road » de Gillies MacKinnon dans lequel Andie Mc Dowell échangeait sa maison avec le cottage de l’irlandaise Sarah Boger), Nancy Meyers enfile les lieux communs mais avec une conviction tellement sympathique que le seul risque que l’on encourt est de s’endormir, bercé par un ronronnement d’images qui nous rend complices consentants du succès commercial d’un film que l’on sait (très) moyen mais envers lequel on ne sent aucune envie de se montrer critique ou condescendant.
En bonus inattendu à ce « sugarmovie » un Elie Wallach (magnifiquement sensible dans un rôle moins figuratif que celui que Clint Eastwood lui a réservé dans « Mystic River ») en scénariste du Hollywood de la grande période qui donne la nostalgie d’un temps où les comédies sentaient bon leur Cukor, Sturges ou Sandrich.
Ce n’est pas nécessairement, comme le constate Wallach, que c’était « Mieux avant », c’est autre tout simplement. (m.c.a)
(*) « Le plaisir des yeux » Ed. Petite bibliothèque des Cahiers du Cinéma