Déception
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THE NAMESAKE

Mira Nair (USA 2007 - distributeur: 20th Century Fox)

Irfan Kahn, Tabu, Kal Penn

122 min.
16 mai 2007
THE NAMESAKE

Le prénom comme boussole d’orientation de vie.

Gogol naît à New-York de parents bengalis qui ont choisi l’exil. Il lui faudra vivre bien des événements (dramatiques, symboliques ou subjectivement significatifs) avant d’accepter son prénom indien, Nickil.

Ce film - une chronique qui suit deux générations d’immigrés installés aux Etats-Unis - est à la fois un récit sur une quête d’identité et une parabole sur les méandres d’une relation père-fils.

Trouver ses marques, que ce soit à l’égard d’un pays d’accueil ou d’un père qui vous fait porter le poids de son histoire personnelle, devient vite synonyme d’une hésitante valse entre deux envies contradictoires : s’intégrer ou s’émanciper.

L’enjeu de cette histoire, adaptée d’un livre de Jhumpa Lahiris (*), sera de dépasser l’impasse de ce dilemme pour trouver comment opérer un relais entre deux cultures a priori opposées.

Si « The namesake » est une attachante illustration de façons de vivre au quotidien les liens familiaux, ce qui lui manque c’est un coup de fouet. Les ingrédients sont bien là : bons acteurs dont certains sont des Bollywood stars, sujet intéressant, pudeur émotionnelle notamment au niveau de l’amour qui ne se dit à aucun moment entre les parents. Et pourtant la sauce ne prend pas. On reste en surface de l’histoire. Peut-être parce qu’elle est alourdie par une systématisation de bons sentiments. Peut-être parce que le récit qui s’articule sur plus de 40 années peine à trouver un rythme qui ne soit ni trop elliptique ni trop distendu.

Par contre ce qui apostrophe c’est le possible élargissement du point de vue de Mira Nair à d’autres exils que celui de la diaspora indienne. Parce qu’il rappelle, bien utilement, que celui-ci commence toujours par un déracinement (**) et que, si s’assimiler pour les immigrés de la première génération peut prendre des années, s’acculturer pour ceux de la deuxième génération, n’est pas toujours un fait acquis.

Mira Nair a eu raison de délaisser la proposition qui lui a été faite de réaliser le cinquième épisode
d’« Harry Potter » pour porter le regard qui est le sien, tendre et lucide comme dans « Salaam Bombay », sur le concret d’un questionnement humain universel : « pour savoir qui tu es, regarde d’où tu viens ». Rien que pour ce choix elle mérite toute notre estime. (m.c.a)

(*) éd. Robert Laffont. L’écrivain a reçu, en 2000, le prix Pultizer pour un recueil de nouvelles "Interpreter of Maladies" qui traitent des difficultés nouées aux extraditions.
(**) si douloureusement décrit dans le dernier film d’Emanuele Crialese « The golden door ».