Pour un samedi soir
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THE NANNY DIARIES ou LE JOURNAL D’UNE BABY-SITTER

Shari Springer Berman & Robert Pulcini (USA 2008 - distributeur : Paradiso)

Laura Linney, Scarlett Johansson, Paul Giametti

104 min.
2 juillet 2008
THE NANNY DIARIES ou LE JOURNAL D'UNE BABY-SITTER

Au XIXème siècle les bourgeois avaient des caméristes. Octave Mirbeau en a parlé avec rosserie et intelligence dans son « Journal d’une femme de chambre », superbement adapté pour le grand écran par Luis Bunuel. Trouvant ainsi l’occasion d’offrir à Jeanne Moreau un rôle à la mesure de son talent qui est immense.

Au XXIème siècle les bourgeois ont des baby-sitters. Nicola Kraus et Emma McLaughlin ont tiré de leurs expériences de « gardeuses d’enfants » un petit récit (*), sans grande envergure mais de facture agréable à lire, dans lequel elles épinglent à fleuret très moucheté la vie ouatée, snob et imbuvable des familles riches de Manhattan.

Jannie, jeune fille d’origine modeste, trouve une place de « nounou » chez ces privilégiés. Elle y a la garde d’une âme turbulente de 4 ans, tiraillée entre des époux - dont une Laura Linney (**) une fois de plus magnifiquement crédible dans un rôle de névrosée - qui rivalisent de radinerie, d’indifférence et de crises d’autorité.

Si the « The nanny diaries » - le livre manque d’élégance et de mordante ironie - on se plaît à imaginer le traitement de vanille et de vitriol qu’Edith Wharton aurait infligé à ces soi-disant « Bienheureux du monde » (***), « The nanny diaries » - le film manque de tout.

D’allant, de perspective, d’intention, de mise en scène, de conviction, de pertinence, d’impertinence, d’humour, de surprise et de cette touche corrosive qui est indispensable pour établir l’étanchéité de la frontière entre le nanar et le navet.

Figée dans un portrait de famille qui déraille vite vers la nature morte, Scarlett Johansson piétine.

Son manque d’énergie finit par gagner le spectateur et, le confort des fauteuils de cinéma aidant,
à l’engloutir dans un demi sommeil dont il n’a même pas honte.

Pour se réveiller, il peut écouter non pas le CD que vient de commettre la jeune égérie de Woody Allen dont la voix peine à émerger d’ un envahissant flot de notes et de chœurs, mais ….

Julia Roberts qui, avec une poigne drôlement plus efficace et plaisante, extrait du texte de Mesdames Kraus et McLaughling le maximum de saveur qu’il contient.

A podcaster sur le site http://dir.salon.com/story/audio/nonfiction/2002/05/01/nannies  (m.c.a)

(*) Paru en collection « J’ai lu »
(**) « The squid and the whale » de Noah Baumbach, « Jindabyne » de Ray Lawrence, « The Savages » deTamara Jenkins, le dernier coup de cœur CinéFemme avant les mois d’été 2008
(***) Traduction française d’un de ses chefs d’œuvre ‘The house of mirth » dans lequel elle observe à la loupe, mi tendrement mi acerbement, les travers de la société huppée du New York du début du XXème siècle.