Pour un samedi soir
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THE TRIP

Michael Winterbottom (GB 2010)

Steve Coogan & Rob Brydon

107 min.
28 septembre 2011
THE TRIP

Les femmes dit-on sont bavardes comme des pies. Que dire alors de Steve Coogan et Rob Brydon qui n’arrêtent pas de pépier comme des étourneaux dans le dernier Michael Winterbottom que l’on a connu en meilleure forme – « Jude l’Obscur », « 9 songs », « Guantanamo »

Si, selon l’abbé Dinouart, se taire est un art, les personnages de « The trip » sont loin d’en maîtriser les règles les plus élémentaires.

Ce road movie (*) qui emmène la paire de compères (**) de Londres à la lisière de l’Ecosse en tournée de cotations de restaurants gastronomiques (oui oui il en existe en Angleterre) est un remontage pour le cinéma d’une série télévisée.

Est-ce pour cela que les scènes semblent ne pas tomber à pic mais à plouf et donnent au film une irritante impression de décousu, de répétitif, de n’importe quoi ?

Très vite largué, s’il n’est pas un accroc de l’autodérision complaisante, du cabotinage snobinard ou d’imitations difficiles à reconnaître lorsque l’on n’est pas un familier de la scène anglaise populaire, le spectateur piaffe d’impatience et ou d’exaspération devant les incessantes vannes que se lancent ces deux quadragénaires empêtrés de problèmes familiaux et narcissiques.

Il y a de la solitude et pas mal de mélancolie dans ces conversations mais elles sont voilées derrière tant de futilités et d’hypocrite bienséance qu’on se prend vite de pitié (et non de sympathie) pour les deux pantins en train de s’agiter à l’écran. Enfermés dans leur illusoire compagnonnage et leur bien réelle rivalité.

Pitié pour les acteurs et emballement pour les paysages beaux et brumeux de cette Angleterre du Nord qui se partage entre lacs, forêts, auberges de charme et villages à la Miss Marple dans lesquels les habitants simples et accueillants sont à 1000 lieues des cache-misères existentiels de nos voyageurs.

Adulescents dont la nonchalance éclaire plus qu’elle ne compense la vie banale et bancale, Steve Coogan et Rob Brydon ne sont pas des compagnons dont on aimerait partager la route - de toute façon il y a fort à parier qu’une présence féminine aurait donné à la virée une tonalité différente. Moins éclatée et plus sentimentale.

Même si les poètes Coleridge, Wordsworth sont pour eux autre chose que des rubriques de Wikipedia, même si les coquilles Saint-Jacques sont un de leurs plats favoris et même s’ils sont capables de s’orienter sans GPS, cela ne suffit pas à les rendre intéressants.

Et encore moins attachants. (mca)

(*) qui n’est pas sans point commun avec « Sideways » d’Alexander Payne : le voyage de deux amis dans les vignobles de Californie.
(**) dans des rôles de fiction qui ressemblent fort à ce qu’ils sont dans la vie : acteur du petit écran et imitateur à succès.