Les brèves des Festivals

TOUR D’HORIZON DE LA 66ème BERLINALE

Christie Huysmans
4 mars 2016
TOUR D'HORIZON DE LA 66ème BERLINALE

Depuis sa création en juin 1951, le Festival International du Film de Berlin, a toujours tenu à faire honneur à un cinéma en phase avec l’actualité brûlante. Cette année encore, la Berlinale n’a pas dérogé à sa marque de fabrique puisque d’entrée de jeu les organisateurs ont dédié la manifestation à celles et ceux qui ont été forcés à l’exil, allant jusqu’à organiser des collectes de fonds destinés à venir en aide aux réfugiés accueillis par l’Allemagne.

Certains d’entre eux ont même été conviés aux projections du Festival. Un geste qui correspond bien à l’esprit de la Berlinale, Festival populaire par excellence (au sens le plus fécond du terme) qui ne réserve nullement son accès à une élite triée sur le volet mais l’ouvre au contraire à un public hautement cinéphage (En vendant 337.000 tickets en onze jours, le Festival a d’ailleurs enregistré un nouveau record de fréquentation).
Dieter Kosslick, le directeur de la Berlinale avait annoncé la couleur dès l’ouverture : « Le thème principal de cette année c’est le droit au bonheur, le droit à un logement, à l’amour, le droit de choisir sa vie ».

En tant que miroir culturel, la Berlinale s’est donc souvent distinguée par sa volonté de refléter à travers le 7ème art les préoccupations intimes et socio-politiques de l’humanité, et ce, à l’échelle planétaire. Cette 66ème édition n’a pas failli à sa réputation humaniste et engagée ni à sa dimension internationale non seulement en incluant deux documentaires en sélection officielle, Fuocoammare de Gianfranco Rosi (Ours d’Or de cette édition) et Zero Days d’Alex Gibney, mais aussi en évitant tout chauvinisme puisque seul un film allemand (24 Wochen) figurait dans la compétition. Dans cette perspective, l’on ne s’étonnera pas non plus outre mesure que le très très long métrage de Lav Diaz, A Lullaby to the Sorrowful Mystery (le film dure 482 minutes !) ait été retenu par le comité de la programmation.

La Belgique peut également se targuer d’avoir été largement présente au cœur de la Berlinale 2016. Les Premiers, les Derniers de Bouli Lanners concourant dans la catégorie Panorama s’est vu récompensé par deux prix, la co-production des frères Dardenne dans Inhebbek Hedi est loin d’être passée inaperçue ; la magnifique Astrid Whettnall dans le film de Rachid Bouchareb La route d’Istanbul a subjugué le public berlinois…
Néanmoins, l’on ne peut s’empêcher de déplorer le fait que certains films n’avaient nullement leur place dans la compétition. On songe notamment à Alone in Berlin, Genius ou Soy Nero.
Retour sur les films qui ont été distingués par le Jury présidé par Meryl Streep et qui ont marqué plus ou moins les esprits.

COMPÉTITION OFFICIELLE

L’Ours d’Or pour Fuocoammare de Gianfranco Rosi : une distinction qui cadre totalement avec l’esprit de la 66ème Berlinale

L’attribution de la plus prestigieuse des récompenses au documentaire du réalisateur italien Gianfranco Rosi (déjà couronné du Lion d’Or de Venise en 2013 pour Sacro GRA) ne créa nullement la surprise, et l’on pourrait même parler d’un choix téléphoné. « Ce film va au cœur de ce qu’est la Berlinale », a déclaré Meryl Streep, Présidente d’un Jury dont les membres se sont dits bouleversés par un documentaire qui « allie la critique à l’art et la nuance ».

Lors de sa première visite à Lampedusa (île située au sud de la Sicile entre Malte et la Tunisie) à l’automne 2014, le cinéaste avait simplement dans l’idée d’explorer la possibilité de réaliser un film d’une dizaine de minutes destiné à être présenté dans le cadre d’un festival international. L’objectif était a priori de dévoiler une image d’un petit morceau de terre de 20,2 km2, tristement célèbre, bien différente de celle qui est habituellement montrée à la va-vite et souvent dans l’urgence après un désastre par les médias. Mais après quelques jours passés sur l’île, Rosi se rendit très vite compte qui lui serait impossible de réduire à quelques minutes l’univers d’un territoire, qui depuis plus de 20 ans, est devenu le phare de l’espoir ou l’abîme du désespoir pour des milliers de réfugiés quittant les côtes de l’Afrique. Le hasard d’une rencontre avec le Dr. Pietro Bartolo, l’unique médecin de l’île confronté depuis plusieurs décennies à l’accueil des exilés, le décida à une immersion totale au cœur de Lampedusa durant un an, et c’est ainsi que Fuocoamarre est devenu un documentaire de 107 minutes qui mélange des scènes prises sur le vif à des fragments d’histoires.

En vivant au plus près d’une population locale constamment témoin de l’une des plus grandes tragédies humaines de notre époque et en accompagnant notamment les garde-côtes secourant des bateaux en détresse, Gianfranco Rosi a donc opté pour une double approche mêlant le quotidien des îliens au sort de ceux qui débarquent, vivants ou morts, sur les côtes de Lampedusa, et sont ensuite accueillis dans des centres ou médicalement assistés. Non loin des désastres qui rythment journellement la vie de l’île, il y a notamment Samuel, un jeune garçon de 9 ans, fils de pêcheur, qui, comme tous les garçons de son âge, n’a pas toujours envie de se rendre à l’école et préfèrerait grimper sur les rochers le long de la côte ou jouer avec son lance-pierres. Et c’est ainsi qu’au travers des yeux d’un enfant à la fois innocent et perspicace, Rosi nous raconte, de manière brute, sans voix off ni commentaires, l’histoire d’une communauté qui est confrontée à un état d’urgence permanent. « En vivant là, j’ai réalisé que le terme « urgence » n’avait aucun sens. Chaque jour, il y a une urgence. Chaque jour, il se passe quelque chose. », a souligné le cinéaste.

Après avoir reçu son prix qu’il a dédié aux habitants de Lampedusa, Gianfranco Rosi n’a pas manqué d’avoir une pensée « pour tous ceux qui ne sont jamais arrivés sur l’île pendant ce voyage de l’espoir » et a profité de la tribune qui lui était offerte pour mettre en garde les gouvernements européens mettant en place des politiques qui visent à réduire l’afflux des migrants. « Les murs et les clôtures ne marchent jamais, elles ne résistent jamais », a-t-il déclaré. « J’espère apporter une prise de conscience ; il n’est pas normal que des gens meurent en traversant la mer pour échapper à des tragédies », a-t-il estimé.

Outre l’Ours d’Or, Fuocoamarre, dont la sortie en Belgique est prévue en septembre prochain, a obtenu trois autres récompenses : le Prix du Jury Œcuménique, le Prix Amnesy Interational et le Prix des lecteurs du Berliner Morgenpost.
Grand Prix du Jury pour Mort à Sarajevo : un film choral et métaphorique sur les enjeux historico-politiques de l’ex-Yougoslavie et ses ressorts émotionnels et sociaux actuels
Mort à Sarajevo constitue une gageure cinématographique si l’on tient compte du fait qu’il est l’adaptation d’une pièce de Bernard Henri-Levy, Hotel Europe, qui sous la forme d’un long monologue met en scène un écrivain préparant un discours sur l’ex-Yougoslavie à l’occasion de la commémoration du centième anniversaire de l’assassinat de l’archiduc François Ferdinand. Si la pièce du philosophe avait reçu un accueil très mitigé en France, sa libre adaptation au rythme enlevé et dénué de tout verbiage pompeux a non seulement conquis le Jury international de la Berlinale mais aussi celui de la critique puisqu’il a également obtenu le Prix Fipresci.

Reprenant à son compte une unité de lieu et de temps propre au théâtre classique, le réalisateur, Danis Tanovic (oscarisé en 2001 et récompensé à Cannes pour No Man’s Land) nous invite à revisiter les recoins de l’histoire de l’ex-Yougoslavie en explorant à travers chaque étage du plus prestigieux hôtel de Sarajevo, l’Hôtel Europa, les répercussions socio-économiques actuelles et les blessures intimes d’un conflit dont les origines et les responsabilités semblent, aujourd’hui encore, toujours inextricables. Habilement orchestré, Mort à Sarajevo nous amène à suivre pas à pas une kyrielle de personnages qui, du toit de l’hôtel jusqu’aux bas-fonds de son night-club, représentent d’une part une facette de la société bosniaque actuelle et trahissent d’autre part les failles et les faiblesses d’une Europe peu glorieuse. Entre les erreurs du passé et les incertitudes du futur, Tanovic suit tantôt avec frénésie tantôt avec un détachement cynique le tracé en zigzag de personnages aux visions politiques et aux intérêts personnels divergents. Pour l’équipe de journalistes qui a placé son QG sur le toit de l’hôtel, l’une des questions est de savoir si Gavrilo Princip, l’assassin de 1914 était un criminel, un terroriste, un gamin victime de manipulation ou un héros national. Confrontant l’avis de plusieurs historiens, la journaliste aux commandes de l’émission dresse une mosaïque d’avis contradictoires desquels aucun consensus ne semble ressortir. Tandis que dans la suite olympique, un ressortissant français accueilli en grandes pompes, répète inlassablement un discours, des policiers bien mal briefés l’observent avec amusement sans y comprendre goutte. Sans doute faut-il y voir là la métaphore de citoyens bosniaques voire européens médusés par des discours qui tiennent de la mascarade ou les dépassent totalement ? Entre les cuisines et la laverie, la tension monte progressivement : les employés, qui n’ont plus été payés depuis des mois, projettent de faire faire grève. Un projet qu’Omer, le directeur de l’hôtel ne peut se permettre de tolérer au vu des dettes que son établissement a contracté à l’égard des « bailleurs de fonds » qui ont pris leur quartier dans les sous-sols de l’hôtel. Il mettra sous pression Lamija, sa réceptionniste, afin d’éviter que cet éventuel heurt social ne vire au dérapage médiatique. Mais dans un tel environnement, une catastrophe est toujours susceptible de survenir au bout d’un couloir.

A mi-chemin entre la satire politique et le drame social, Mort à Sarajevo offre avec un humour noir une photographie incisive d’un pays qui semble toujours en manque de repères au cœur de l’Europe.

Prix Afred Bauer pour un film qui ouvre de nouvelles perspectives : A Lullaby to the Sorrowfull Mystery

Le réalisateur philippin, Lav Diaz, fut le premier surpris à ce que son film soit repris dans la sélection officielle de la Berlinale. Et pour cause, comme il le souligne lui-même, son film est loin d’être un court-métrage puisqu’il dure huit heures et deux minutes. « Lorsque j’ai dit au programmateur du Festival qu’il prenait un risque à retenir un film tel que le mien en compétition ; celui-ci m’a répondu : non, nous ne prenons pas un risque, nous prenons notre responsabilité. », a déclaré le cinéaste après avoir reçu son prix.

De l’avis de ceux qui ont eu le courage de voir dans son intégralité A Lullaby to the Sorrowfull Mystery, ce film fleuve offre « certains moments de suspension » mais… il faut avoir la patience d’attendre trois heures avant que les choses ne démarrent réellement. Dans un premier temps, Lav Diaz revient sur la personnalité d’Andrés Bonifacio y de Castro, chef de file de la révolution philippine contre le gouvernement colonial espagnol à la fin du 19ème siècle. Partant de l’exploration de cette figure mythique, le réalisateur retrace ensuite le destin historiquement chaotique de son pays et tente d’interroger le rôle de l’individu dans la marche de l’Histoire ainsi que son implication dans les développements économiques et sociaux d’une nation.
Le cinéaste a affirmé avoir trouvé un distributeur en Europe mais reste à voir combien de salles de cinéma seront prêtes à le projeter.

Ours d’argent du meilleur réalisateur pour Mia Hansen-Løve pour L’Avenir : une chronique intime qui explore le monde des Idées

Après plusieurs années de jachère berlinoise, la France peut se targuer d’une jolie récolte en 2016, non seulement en remportant l’Ours d’Argent du meilleur réalisateur mais aussi en ayant largement supporté la production de Mort à Sarajevo.
Nathalie (Isabelle Huppert) est professeur de philosophie. Passionnée par son travail, elle aime par-dessus tout transmettre son goût de la pensée. Mariée, deux enfants, elle partage sa vie entre sa famille, ses anciens élèves et sa mère, très possessive. Un jour, son mari lui annonce qu’il la quitte pour une autre femme. Confrontée à une liberté nouvelle, elle va tâcher de réinventer sa vie.

En écoutant la musicalité intime d’une femme fascinée par la Pensée, Mia Hansen-Løve, qui en est à son cinquième long-métrage, explore les sentiers philosophiques qui traversent le chemin d’une existence soudainement bousculée. Comment mettre en adéquation la philosophie et la vie ?, telle est sans doute la question qui constitue la colonne vertébrale de ce film qui a séduit bon nombre de journalistes allemands.

Ours d’Argent de la meilleure actrice pour Trine Dyrholm dans The Commune de Thomas Vinterberg : une récompense indiscutablement méritée

Dès son apparition en salle de presse après la projection de The Commune, Trine Dyrholm, grande habituée de la Berlinale, avait été accueillie par une déferlante d’applaudissements. Et pour cause, la vérité, la justesse et la générosité avec laquelle l’actrice danoise incarne le rôle d’Anna sont absolument ébouriffantes.
Dans The Commune, Vinterberg revient à l’exploration des rapports de groupe (comme il l’avait déjà fait dans Festen) mais, cette fois, c’est principalement l’impermanence des relations humaines et de la vie en général que le réalisateur met en scène au travers d’une galerie de personnages hauts en couleur. « On tombe amoureux, on s’aime, on fait des enfants, on se sépare, les enfants grandissent, et au bout du chemin, il y a inévitablement la mort », souligne le cinéaste.

Au centre de la communauté, il y a un couple : Eric, architecte, de nature plutôt réaliste et conservatrice, et Anna, son épouse, qui aspire à insuffler du mouvement et de l’inattendu dans leur train-train quotidien. C’est donc sous son impulsion et celle de leur fille, Freja, qu’Eric accepte d’ouvrir à une douzaine de colocataires l’immense maison qu’il vient d’hériter de son père défunt. Mais l’idéal de partage d’Anna, sa joyeuse générosité, sa volonté du vivre-ensemble, sa capacité d’ouverture et de tolérance propres à l’époque des seventies ne constituent-ils pas un piège à l’équilibre de son couple et de sa vie personnelle en tant que femme d’âge mûr ?

Pour réaliser ce film, Vinterberg s’est largement inspiré de son expérience personnelle puisqu’enfant, il a vécu avec ses parents au sein d’une communauté. Une période de sa vie qu’il évoque avec beaucoup de bonheur, voire avec une certaine nostalgie, eu égard aux valeurs partagées en groupe mais pour autant, le réalisateur ne se départit guère de son réalisme percutant quant à la nature humaine. L’humour est donc, comme souvent chez le cinéaste danois, très incisif.

The Commune est sans doute l’un des meilleurs films en compétition qu’il nous ait été donné de voir. Vinterberg n’a pas son pareil pour investiguer la dynamique de groupe, façonner et mettre en scène une ribambelle d’individus aux tempéraments très contrastés. Sa maîtrise des dialogues qui alternent légèreté et densité, drôlerie et gravité, fait indiscutablement mouche, et les choix musicaux opérés, loin des stéréotypes, contribuent à capter toute l’atmosphère d’une époque. Enfin, en confiant à son actrice principale une partition complexe, Vinterberg confirme son excellence dans la direction de ses acteurs.

Ours d’Argent du meilleur acteur pour Majd Mastoura dans Inhebbek Hedi de Mohamed Ben Attia

Première production arabe en compétition à la Berlinale depuis vingt ans, le premier long-métrage du tunisien Mohamed Ben Attia, réussit un doublé en remportant l’Ours d’Argent du meilleur acteur mais aussi le Prix du meilleur premier film. Coproduit par les frères Dardenne, ce film raconte l’histoire d’un jeune homme de 25 ans, commercial chez Peugeot, qui subit sa vie plus qu’il ne la maîtrise. Sa mère autoritaire et envahissante lui dicte sa conduite et arrange son mariage avec une femme qu’il connaît à peine ; son supérieur hiérarchique lui marche dessus. Mais un coup de foudre amoureux va tout bouleverser et l’amènera à revisiter son existence, et à déverrouiller les portes des prisons dans lesquelles il s’était laissé enfermer. Histoire d’amour et d’émancipation, métaphore sociale d’un pays qui peine encore à humer à pleins poumons le souffle de la liberté de l’après-révolution, Inhebbek Hedi rencontre à la perfection la thématique de la 66ème Berlinale, en mettant en avant le droit au bonheur, le droit à l’amour et le droit de choisir sa vie.

On relèvera également les propos de Dora Bouchoura Fourati, qui soulignait la difficulté de trouver des bailleurs de fonds en Europe pour réaliser ce premier film : « à l’exception des frères Dardenne qui ont immédiatement accepté de s’embarquer dans le projet, la recherche de producteurs européens n’a pas été une mince affaire car aux yeux de beaucoup, le sujet ne s’inscrivait pas suffisamment dans l’actualité brûlante. Même si cela peut paraître naïf, le défi était de pouvoir raconter une histoire d’amour ». Et d’ajouter : « les productions tunisiennes récentes se sont plus intéressées à l’émancipation féminine qu’au désarroi des hommes. Or, la jeune génération masculine a elle aussi vécu un bouleversement, et essaie, de trouver de nouveaux repères. Signe du temps, on notera que dans le cas de Hedi, l’émancipation passera par une femme. »

Ours d’Argent du meilleur scénario : Tomasz Wasilewski pour United States of Love

Pologne 1990. Le mur de Berlin est tombé, le communisme s’est effondré mais après des années de stagnation, la société polonaise peine à embrasser les changements venus de l’Ouest. Dans ce contexte, les sentiments sont refoulés, les émotions demeurent encore tues ou réfrénées, et le carcan religieux est omniprésent. Dans son quatrième long-métrage, Tomasz Wasilewski, qui a l’allure d’un Xavier Dolan polonais, dresse, avec une perspicace acuité et un réalisme remarquable, le portrait de quatre femmes en mal d’amour. Agata vit un amour impossible : elle est dévorée par une passion brûlante pour un prêtre. Iza, principale d’un lycée, qui a vécu pendant six ans une relation extra-conjugale avec un médecin, se voit refoulée par ce dernier qui est soudainement pris de remords après le décès de son épouse. La solitaire Renata, professeur de russe, recherche désespérément à attirer l’attention de sa jeune voisine, Marzena, professeur de danse et d’aérobic, dont le mari est parti travailler à l’ouest, et qui rêve de devenir mannequin.

Dès la scène d’ouverture, dont on ne peut que souligner le magnifique photographique (un quasi noir et blanc légèrement colorisé), le réalisateur met progressivement en présence tous les protagonistes qui, réunis autour d’une table, discutent sur un ton badin. Mais au milieu des conversations animées, la caméra capte très subrepticement les regards absents, désabusés ou inquiets de ces femmes qui, seules, en silence et en ignorant tout l’une de l’autre, partagent la souffrance d’amours inassouvies. C’est sans fards et sans érotisme que Wasilewski filme les corps féminins. Reflet des passions glacées et des sentiments réprimés, la mise à nu n’est nullement esthétisée mais, en sillonnant avec sensibilité et intelligence, le cœur de ces femmes tourmentées, voire torturées, le cinéaste fait preuve d’une pénétrante clairvoyance de la psyché féminine et de ses non-dits. On soulignera également le choix avisé du réalisateur d’avoir opté pour des couleurs dé-saturées qui, si elles réverbèrent à merveille l’atmosphère de l’époque, entrent aussi en parfaite adéquation avec la couleur sentimentale de l’ensemble du film où l’amertume, la déception et le dépit prévalent. L’Amour de Dieu serait-il le seul amour pur et éternel, le plus authentique et le plus indéfectible ? La question est posée mais la réponse de Wasilewski conserve son mystère.

Ours d’Argent pour la meilleure contribution artistique pour le chef opérateur Mark Lee Ping-Bing dans Crosscurrent de Yang Chao : un prix aussi justifié que prévisible

Dès l’issue de la projection de Crosscurrent, il y avait fort à parier que le seul film chinois en compétition ne repartirait pas les mains vides. Et pour cause, le travail du chef opérateur Mark Lee Ping est digne d’un grand maître de la lumière. Les scènes de nuit et à l’obscurité ascendante sont pourtant légion dans ce film poétique et contemplatif mais Mark Lee Ping-Bing parvient à extraire de l’ombre les êtres et les objets avec la dextérité d’un peintre et d’un graveur jouant tantôt sur le clair-obscur ou la manière noire.
Entre féérie et réalisme, le réalisateur Yang Chao (caméra d’or à Cannes en 2004 pour Passages) nous fait voguer sur le fleuve Yang Tsé en compagnie du jeune capitaine Gao Chun. Son père est récemment décédé, et selon ses croyances, il lui appartient désormais de libérer son âme. De port en port, le jeune homme recherche désespérément l’amour de sa vie. Au cours de son voyage il croise différentes femmes, qui s’avèrent en fait toutes être la même femme : un être spectral, magique, qui rajeunit au fur et à mesure qu’il se rapproche de la source du fleuve. Odyssée à travers le temps, pèlerinage à travers l’espace, Crosscurrent offre une belle et dense métaphore de la Vie, qui, de jour comme de nuit ne cesse de s’écouler.

Zero Days d’Alex Gibney : une plongée effarante dans la guerre informatique

Le documentariste Alex Gibney, oscarisé en 2008 pour Taxi to the Dark Side et « étonnamment » absent des Oscars 2016 pour son reportage sur l’église de la scientologie, revient sur la découverte en 2010 du virus Stuxnet par des experts informatiques. L’enquête complexe mais extrêmement fouillée du réalisateur américain révèle que ce virus, devenu incontrôlable, et qui a d’ailleurs endommagé à l’échelle planétaire les services informatiques de nombreuses entreprises et institutions publiques, a été mis au point par les États-Unis, Israël et dans une moindre mesure la Grande-Bretagne comme arme de guerre contre l’Iran afin d’affaiblir ses dirigeants dans leur course à l’arme atomique. La mise au point ce virus (originellement baptisé « Olympic Games ») n’a pas manqué d’avoir des effets pervers inattendus qui se sont retournés contre ses instigateurs. Des répliques iraniennes ont déjà eu lieu aux États-Unis comme en Israël, et l’escalade semble inévitable. Plus grave encore, la cyber attaque développée dans le cadre de l’opération « Olympic Games » ne semble être que le début d’une guerre informatique mondiale sans fin qui risque bien de menacer des milliers de vies humaines et innocentes.

Évidemment, les gouvernements et les services impliqués dans cette cyber attaque ont toujours nié les faits, et c’est la loi du silence et du secret qui prédomine, mais la longue et détaillée investigation d’Alex Gibney ne laisse planer aucun doute quant à leur responsabilité effective.

Cette plongée effarante et inquiétante dans un univers miliaire, qui utilise désormais l’informatique comme une redoutable arme de destruction massive, aurait bien mérité de se retrouver au Palmarès tant l’avenir que nous décrit Gibney se profile comme apocalyptique, mais le Jury International a visiblement préféré rester fidèle à l’idéal humaniste de la Berlinale plutôt que de s’aventurer sur un terrain plus dérangeant et plus provocateur.


Alone in Berlin de Vincent Perez : Allein in Berlin !

Le film de Vincent Perez est pétri de bonnes intentions ; il peut aussi se targuer d’un casting de choix (Emma Thomson, Brendan Gleeson, Daniel Brühl). Malheureusement ce magnifique casting est aussi ce qui le pénalise irrémédiablement. Les faits historiques qu’exhume le réalisateur suisse ne manquent certes pas d’intérêt (la résistance d’Anna et Oto Quangel au régime nazi en 1940). Ils se rapprochent néanmoins très forts de l’action téméraire de Sophie Scholl dont le destin tragique avait été magnifiquement porté à l’écran par Marc Rothemund en 2005.
Cependant, Vincent Perez commet un hiatus linguistique irréparable. Comment croire à ces personnages lorsque ceux-ci s’expriment en anglais et écrivent des lettres en allemand ? Comment ne pas avoir les oreilles écorchées lorsque les acteurs allemands parlent en anglais dans un contexte historique où le Führer voulait faire de l’Europe un empire radicalement germanisé ?
Un journaliste allemand rencontré sur place soulignait même l’inutilité de ce de film : « Ce type de sujet a déjà été abordé des dizaines de fois par des réalisateurs allemands. Pourquoi dès lors un réalisateur suisse prend-il encore la peine de faire ce genre de film ? » « Quant à la mise en scène, elle appartient à l’époque de mes parents. », ajoutait-il.
Rien d’étonnant donc à ce que ce film se soit fait huer par la presse !

Genius : un film qui fera plaisir aux éditeurs

Premier long-métrage du britannique Michael Grandage, Genius revient sur la carrière éclair de l’excentrique Thomas Wolfe (Jude Law), écrivain réputé pour ses romans fleuves, et surtout sur sa relation intime et dense avec l’éditeur Max Perkins (Colin Firth), qui fut le premier éditeur américain à publier Ernest Hemingway et F. Scott Fitzgerald. La performance du casting ne déçoit évidemment pas, et pour un premier film, le cinéaste fait preuve d’une mise en scène aussi précise que raffinée. On soulignera également la très belle reconstitution du New York des années trente et la plaisante atmosphère qui se dégage de l’ensemble du film. Le cinéaste prend certes quelques libertés très romanesques pour restituer la vie de Thomas Wolfe mais le film ravira assurément les éditeurs dont on ignore trop souvent l’important travail de maïeutique dans l’accompagnement des écrivains.

Soy Nero de Rafi Pitts : l’intention est louable mais le résultat indigeste

Nero, un jeune mexicain, parvient à traverser la frontière qui sépare les États-Unis du Mexique. Arrêté, il prétend être né à Los Angeles et avoir été l’innocente victime du Patriot Act. Reconduit dans son pays d’origine, Nero ne démordra pas de son rêve d’être reconnu en tant que citoyen américain et il mettra tout en œuvre pour obtenir la nationalité convoitée, et ce, grâce à la « Green Card Soldier ». C’est en effet avec une ironie morbide que dans la foulée du Patriot Act, le Dream Act a été voté et permet à des hommes et les femmes venus des quatre coins de la planète de s’engager dans l’armée et d’obtenir la nationalité américaine au bout de deux ans de bons et loyaux services.

C’est sans aucune finesse et avec une troisième partie interminable (qui se déroule en Afghanistan) que le réalisateur iranien essaie de dénoncer péniblement l’absurdité et l’incohérence de la politique américaine en matière d’immigration. Sur le fonds, l’entreprise du réalisateur iranien est louable mais le résultat final est lamentablement indigeste.

A Dragon Arrives ! de Mani Haghighi : une fiction documentaire qui aurait pu se passer de la forme docu

22 janvier 1965. Une Chevrolet Impala orange traverse un paysage désertique. Elle roule en direction d’une épave de bateau abandonnée depuis des années sur l’île de Qeshm et se situant à proximité d’un cimetière. Au volant, l’inspecteur de police Babak Hafizi, qui est venu enquêter sur la pendaison suspecte d’un prisonnier politique, condamné au bannissement par le régime de l’époque. Pourquoi ce prisonnier s’est-il pendu alors qu’il était sur le point de recouvrer la liberté quelques jours plus tard ? Cet étrange suicide a-t-il un lien quelconque avec l’assassinat du Premier Ministre qui a eu justement lieu la veille ? Que signifient toutes les notes et les symboles écrits sur le mur de sa cellule ?

Très vite, le policier comprend que le prisonnier ne s’est pas donné la mort mais a bel et bien été tué. Par qui et pourquoi ? En dépit des mises en garde énigmatiques et prophétiques exprimées par un habitant de l’île, Hafizi décide de demeurer sur place pour continuer à enquêter. Mais durant la nuit, il assiste à un tremblement de terre des plus étranges. Quelques jours plus tard, il reviendra sur l’île, assisté d’un ingénieur du son et d’un géologue pour percer à jour le mystère de cette affaire.
50 ans après les faits, il s’avère que l’inspecteur Hafizi et ses comparses ont été enlevés. Pourquoi et par qui ?

Le film de Mani Haghighi est à la mesure du sujet dont il traite : complexe et énigmatique. En ayant choisi d’opter pour un mélange expérimental entre cinéma et documentaire, le réalisateur passe alternativement d’un registre à l’autre et fait d’incessants allers-retours entre les données du passé et les éléments découverts récemment concernant ce fait historique. Il s’agit donc de ne pas en perdre une miette si l‘on veut tâcher de comprendre toute cette affaire dont l’issue demeure quelque peu frustrante.

HORS COMPÉTITION

Chi-Raq de Spike Lee

Bruyant, caricatural et naïf, le dernier film de Spike Lee ne fait guère dans la subtilité ni dans la nuance pour dénoncer la violence meurtrière de Chicago et l’incapacité politique des États-Unis à gérer les effets pervers du port d’armes (Entre 2001 et 2015, 7.536 personnes émanant principalement de la communauté noire ont été tuées par arme à feu aux États-Unis).
Saint-Amour de Benoît Delépine et Gustave Kervern : le bonheur est-il dans le pré ?

Saint-Amour fut sans doute la petite bulle d’air frais du Festival, « le seul film dans l’histoire de la Berlinale à être présenté hors compétition mais susceptible de remporter l’Ours d’Or », selon un Gérard Dépardieu qui suscite toujours autant l’intérêt des foules et qui ne connaît guère la langue de bois. (L’acteur mammouthesque n’a en effet pas manqué d’égratigner avec sa légendaire faconde le Festival de Cannes et les Oscars, ni de réitérer son admiration pour Vladimir Poutine. « Comment ne pas se sentir plus russe que français avec le Président qu’on a en France », a-t-il déclaré en conférence de presse.)

Accueilli par de nombreux rires et chaleureusement applaudi, ce road-movie à la française qui nous emmène sur la route des vins et qui est servi par une cuvée de choc (Gérard Depardieu, Benoît Poelvoorde et Vincent Lacoste) séduit par sa drôlerie et sa tendresse. Comédie mettant en scène des personnages touchants et attachants qui tentent, ensemble et individuellement, de surmonter leur désespoir, Saint-Amour fait rire autant qu’il émeut. (Lire notre chronique complète au sujet de ce film.)

BERLINALE SPECIAL

Where to Invade Next de Michael Moore : drôle et intéressant

Le subversif Michael Moore, fidèle à la réputation des américains de planter leur drapeau partout où ils passent, décide d’envahir l’Europe et d’enrichir les États-Unis de ce qui se fait de mieux sur le Vieux Continent. Tel un pèlerin bourlingueur, rêveur et incrédule, le réalisateur américain sillonne donc les moindres recoins de cette terre promise, son voyage l’emmenant même jusqu’aux portes de la Tunisie (pays qui a autorisé légalement l’avortement bien plus tôt que la France ou la Belgique).

C’est avec des étoiles dans les yeux que le cinéaste dresse le portrait de ce que devrait être le pays idéal. Une nation modèle, qui devrait être soucieuse du bien-être et de la bonne santé de ses travailleurs (l’Italie et l’Allemagne), offrir à ses écoliers et à ses étudiants un système éducatif humaniste, efficace et gratuit (la Finlande et la Bosnie), avoir une approche moins répressive de l’emprisonnement dans une perspective de réinsertion sociale des criminels (la Norvège), être capable d’offrir à ses enfants une alimentation quotidienne digne d’un étoilé Michelin (la France), faire davantage confiance à la gestion financière des femmes (L’Islande) ou encore monter sa capacité à affronter son passé frontalement en ne redoutant pas d’admettre publiquement les erreurs funestes de son Histoire (l’Allemagne)…

Le ton de ce documentaire est très humoristique, et c’est probablement ce qui le rend tellement plaisant nonobstant les sténotypes et les clichés qu’il véhicule inévitablement. Il n’a d’ailleurs pas manqué de susciter l’enthousiasme du public berlinois, et l’on gardera en mémoire ce grand moment d’émotion, cet instant de suspension, où une salle comble qui, après une explosion de rire, a littéralement retenu son souffle à l’évocation du congrès nazi de 1935 à Nuremberg.

Visiblement plus destiné à un public américain par son côté didactique et dénonciateur, Where to Invade Next ne manque pas non plus d’intérêt pour les citoyens européens. Michael Moore ne se prive assurément pas d’égratigner les États-Unis mais sa conclusion finale invite néanmoins à une certaine réserve.

A Serious Game de Pernilla August : un film tissé d’une dentelle de délicatesse et de nostalgie

Dans ce film dont l’action se déroule dans les années vingt à Stockholm, la réalisatrice suédoise s’attaque à un sujet souvent porté au cinéma, celui d’une passion extra-conjugale. Nous aurions donc pu nous attendre à être très peu surpris. Pourtant, la grâce avec laquelle les personnages sont façonnés, la délicatesse avec laquelle le sujet est amené, et le halo nostalgique qui nimbe l’atmosphère d’ensemble de ce film, offrent un très joli moment de cinéma.

A Quiet Passion de Terence Davies : trop d’erreurs dignes d’un débutant

Film hommage à l’une des plus grandes poétesses américaines du 19ème siècle (Emily Dickinson), A Quiet Passion disposait potentiellement de tous les ingrédients pour dresser le portrait contrasté d’une femme qui, si elle fut rebelle et excentrique dans sa jeunesse, acheva sa vie dans la solitude et l’amertume.

La première demi-heure de ce film, coproduit par la Belgique, contient des petites pépites cinématographiques : une première scène où l’on découvre une Emily magistrale et impertinente, seule contre toutes, suivie d’un morphing très habilement réussi, et enfin un long travelling suivant le regard de la poétesse sur tous les membres de sa famille. Malheureusement, au fur et à mesure de sa progression, le film s’alourdit, les dialogues deviennent verbeux et pompeux, le jeu des acteurs (dont notamment celui de Duncan Duff) se théâtralise au point d’en devenir insupportable avec l’agonie pathétique de la mère des Dickinson. Que dire également de l’intrusion éclair de la Guerre de Sécession au beau milieu du film par le biais de photos d’époque qui rompent totalement avec l’ensemble esthétique du film ? Enfin, last but not least, le réalisateur semble avoir été incapable de conclure son film puisque ce ne sont pas moins de trois scènes annonçant la fin qui s’enchâssent successivement.

PANORAMA

Les Premiers, Les Derniers de Bouli Lanners : définitivement le premier !

Admirablement accueilli par le public, distingué par deux prix, le dernier long-métrage de Bouli Lanners est sans conteste le film belge qui a le plus marqué les esprits de la Berlinale 2016. Lire notre chronique détaillée de ce film.

La Route d’Istanbul de Rachid Bouchareb : le chemin de croix d’une mère vers la Syrie

Profondément touché par le sort et l’attitude de ces parents qui, du jour au lendemain, découvrent que leurs enfants sont partis pour la Syrie et se sont engagés dans le combat au côté de Daesh, Rachid Bouchareb s’attaque, à la fois avec une grande retenue et une profonde empathie, à l’un de sujets brûlants de notre actualité. « J’ai été terriblement ému par l’amour indéfectible que ces parents portent à leurs enfants ; un amour qui les rend capables de déplacer des montagnes quels que soient les risques encourus. C’est vraiment cette force de l’amour qui m’a motivé à faire ce film », a-t-il déclaré lors de sa présentation officielle à Berlin.

Contrairement au film Les Cowboys de Thomas Bidegain, le réalisateur français d’origine algérienne, choisit de suivre, sans démesure pathétique, le long parcours d’une mère (Astrid Whettnall) qui mettra tout en œuvre pour retrouver sa fille (Pauline Burlet) disparue du jour au lendemain. En montrant avec un réalisme extrêmement juste le désarroi total et la solitude effarante de cette mère en détresse, La Route d’Istanbul parvient habillement à faire se rejoindre les ponts de l’émotionnel et du tragique sans jamais en faire trop. Le jeu d’Astrid Whettnall (très chaleureusement accueillie par le public berlinois) est sans aucun doute pour beaucoup dans la réussite et l’équilibre de ce film au casting très belge, et l’on ne peut que souligner l’habileté et la force avec laquelle le cinéaste parvient à rendre continuellement présente une adolescente pourtant très absente. Enfin, la conclusion du film n’est que l’avènement d’une nouvelle histoire, ce qui laisse le sujet ouvert sur d’autres perspectives.

I Olga Henarova : du noir et blanc pour un personnage aussi sombre que complexe

Oga est une jeune femme complexe, déséquilibrée, tourmentée. Quel que soit le lieu où elle évolue, son malaise est palpable. Ce film tchèque (coproduit avec la Pologne, la Slovaquie et la France), inspiré de faits réels remontant à 1973, nécessite que la lecture de son synopsis soit évitée afin d’éviter toute frustration.

Digne d’intérêt par l’intrigante complexité du personnage que campe admirablement Michalina Olszanska, ce film en noir et blanc à l’esthétique très épurée, a la froide intelligence de ne pas s’embourber dans d’inutiles méandres psychologiques. En se focalisant sur l’attitude troublante et les comportements singuliers de son héroïne qui, cigarette au bec, allure garçonne et épaules rentrées, donne la franche impression d’être insensible à tout, les réalisateurs tchèques Tomas Weinreb et Petr Kazda ont opéré un choix judicieux qui n’enlève rien à la substance romanesque d’une femme tristement célèbre.

The Ones Below de David Farr : plus en- dessous qu’au-dessus

Deux couples, voisins du même immeuble, attendent un bébé. Deux mères, deux manières d’appréhender la naissance de l’enfant à venir. Un soir, c’est l’accident.

Ce film au scénario prévisible qui, par certains côtés, se veut hitchcockien, n’est pas parvenu à nous convaincre en dépit de la jolie prestation de Clémence Poesy.

Time was endless de Sérgio Andrade et Fabio Baldo : un film qui porte bien son titre

Errance d’un indien indigène au cœur de la ville de Manaus (Brésil) en quête d’identité culturelle et sexuelle, ce film de 85 minutes (l’un des plus courts que nous ayons vus) nous a semblé interminable.

(Christie Huysmans)