Road movie
1étoile(s) 1étoile(s) 1étoile(s) 1étoile(s) 1étoile(s)

TRANSYLVANIA

Tony Gatlif (France 2006 - distributeur : Imagine Film Distribution)

Asia Argento, Amira Casar, Birol Unel, Marco Castoldi

104 min.
22 novembre 2006
TRANSYLVANIA

Tony Gatlif est parfaitement capable de mettre en relation des récits fragmentaires et désorganisés et d’introduire la logique d’une cohérence dans ce qui pourrait aisément flirter avec l’arbitraire, la démesure ou le déraisonnable. Mais encore faut-il qu’il le veuille…et qu’il ne s’égare pas.

Son héroïne, Zingarina est amoureuse et enceinte de Milan un chanteur tzigane qui l’a quittée. Elle part avec son amie Marie à sa recherche et le retrouve au cœur de la Roumanie, en Transylvanie. Econduite, elle continuera son voyage avec un Turc, Tchangalo, avec lequel elle va vivre une passion vampirisante - pays de Dracula oblige.

Si, comme à son habitude ( "Exils", "Gadjo Dilo" ) Gatlif arrive à capter les rythmes-patchwork de la terre à laquelle il accorde son attention, il peine à en rendre l’authenticité.

Une impression de trop plein donne au spectateur une sensation de s’embourber dans un défilement d’images dont l’expressivité (proche de l’hystérie) et le désordonnement étourdissent. On évoque parfois la puissance organique d’un film, ici on a plutôt l’impression inverse, celle du délitement inorganique d’une pulsion, comme si le réalisateur n’arrivait pas à transmettre la fascination qu’il a dû éprouver pour une région dont il a pourtant reniflé le romanesque et la capacité d’envoûtement. Et que cette incapacité lui donne une sorte de rage.

Si « Transylvania » avait été débarrassé de sa trame narrative excessive et cacophonique,
s’il n’en était resté qu’un squelette de routes et de paysages désolés, peut-être que la magie de « Latcho Drom », ce road-movie qui plongeait, sans ornementations ou sublimations inutiles dans l’univers des gens du voyage, aurait été de nouveau visuellement palpable.

Chez Gatlif, le gitan d’origine berbère, les personnages se mettent en route parce qu’ils sont en quête de ce quelque chose qui s’appelle l’identité - tout comme chez Jacques Lacarrière
l’hélléniste et philosophe de Limoges, c’est en « Chemin faisant » (*) que le marcheur approchera de sa réalité.

Pour la première fois le réalisateur a choisi de mettre une femme en tête d’un tel parcours. Et quelle femme ! Une Asia Argento fonceuse, déterminée, sauvage et volcaniquement in love.
Rien que pour la voir, amazone passionnée et parfois effrayante, accompagnée par la belle Amira Casar, l’achat d’un ticket en vaut la peine. (m.c.a)

(*) Ed. Fayard (réédité en 1997)