Adrien Brody, Felicity Jones, Guy Pearce
Lazslo Toth, un survivant de la Shoah, débarque aux Etats-Unis en 1947. Ancien architecte de renom, il se retrouve sans domicile jusqu’à ce qu’un millionnaire, captivé par son art, lui tende la main. C’est le début d’un ambitieux projet architectural.
Il est certain que Brady Corbet, que l’on connait surtout pour ses rôles d’acteur, n’a pas manqué d’ambition en réalisant ce film, son troisième déjà. Sa durée (plus de 3h30, avec entracte), sa manière de le mettre en scène et la narration qui s’écoule sur 30 années sont inhabituelles. On peut laisser ça à son réalisateur, qui en plus, met en avant l’architecture, comme le cinéma l’a peu fait en comparaison aux autres branches d’art.
Parfois vertigineux, parfois ennuyeux, The Brutalist est inégal. La première partie du film est prenante : on rencontre le personnage de Lazslo, on vit avec lui ses premiers pas en Amérique, ses premiers accomplissements et ses premières désillusions. Puis vient la seconde partie, nettement plus longue et répétitive. L’arrivée de nouveaux personnages arrive comme une promesse de renouvellement de notre intérêt ... mais sans grand effet. En cause : la répétition et le manque de dynamisme de certaines scènes, qui nous plongent dans un ennui mesuré. On finit par se dire que le long-métrage est long pour pas grand-chose et aurait pu facilement faire une heure de moins en racontant la même histoire.
Heureusement, on peut se rabattre sur la mise en scène durant ces moments d’ennui. La mise en scène est à l’image du mouvement dont elle parle, le brutalisme, donnant une ambiance quelque peu austère mais aussi des fulgurances esthétiques sublimes ou impressionnantes (notamment le plan de la statue de la Liberté à l’envers, comme présage du mythe américain bouleversé qui attend le personnage).
S’il faut parler de la mise en scène, il faut également simplement dire que les performances d’acteurs sont excellentes, surtout celle d’Adrien Brody, qui est habité par ce personnage à l’héritage proche du sien.
The Brutalist n’est cependant pas un incontournable : le critère esthétique n’est pas suffisant pour faire d’une œuvre un objet qualitatif. Si l’œuvre architecturale de Lazslo va au-delà d’une certaine beauté mais révèle également une histoire et une réflexion, l’œuvre filmique de Corbet semble s’appuyer plus sur sa forme que sur son fond. Ou tout du moins, la première est mieux réalisée que la seconde. Et un film, certes, se contemple, mais se ressent également.
Un sujet passionnant, entre déclin du rêve américain et exploration de la psychologie d’après-guerre, mais dont l’exécution pose question.
Flore Mouchet