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VITUS

Fredi M. Murer (Suisse 2007 - distributeur : Imagine Film Distribution)

Julika Jenkins, Bruno Ganz, Fabrizio Borsani, Theo Gheorghiu

120 min.
20 février 2008
VITUS

« Vitus » est un film qui raconte sans envergure une histoire qui potentiellement a de l’envergure.

Cette dissonance perceptible dès les premières images crée un sentiment d’inaccompli et de "peut mieux faire" qui chagrine (un chouia) quand on se souvient que Murer est le cinéaste de l’admirable « Ame-sœur », l’histoire d’un enfant sourd et muet qui apprend à lire.

Murer aborde dans « Vitus » un autre genre d’handicap. Celui d’un enfant prodige qui se pose des questions sur ses rapports avec la normalité.

Il choisit de préférer (*) à la voie ambitieuse décidée pour lui par ses parents, celle plus authentique proposée par un grand-père qui, interprété par un toujours fascinant Bruno Ganz, se donne le temps d’écouter son petit-fils.

Car c’est bien l’écoute qui est le centre de ce film - ce n’est pas pour rien que le père de Vitus
travaille dans une société d’appareils acoustiques.

L’écoute de son désir et des désirs de l’autre, l’écoute des questions d’un enfant-qui-quitte-l’enfance et commence à regarder le monde avec une perplexité proportionnelle à sa précoce maturité.

Il est dommage que la réalisation pêche à la fois par une enflure de symbole éculé - l’avion en papier (**) en jouet (***) ou en vrai (****) qui permet de décoller de la réalité plombante - et par un manque d’imagination dans une mise en scène dont le classicisme a quelque chose d’édifiant qui finit par ennuyer.

Dommage parce que « Vitus » mérite plus que des pics de bâillements.

Mais peut-être pas au point de lui avoir attribué le prix du Meilleur Film Suisse 2007.

A moins que faute de grive, le jury se soit contenté de merle. (m.c.a)

(*) Comme le jeune Robert de "Ping pong" de Matthias Luthardt
(**) « Birdy » d’Alan Parker
(***) "L’avion" de Cedric Khan
(****) « Arizona dream » d’Emir Kusturica