Grégoire Colin, Adrien Jolivet, Grégoire Leprince-Ringuet, François-René Dupont
L’intrépide galop de Micha Wald en 3 dates :
1974 : la naissance à Bruxelles.
2004 : la première sélection à Cannes avec un court métrage jouissivement yiddish « Alice et moi ».
2007 : la projection remarquée, dans le cadre de la Semaine de la Critique, du premier long métrage « Voleurs de chevaux ».
En 1856, quelque part entre l’Ukraine et la Pologne, vivent quatre frères. Deux sont cosaques, deux sont voleurs. Chacun des tandems, unis par des liens forts et corporels, trouve dans leur repli exclusif du monde, la robustesse nécessaire à l’affrontement d’une dureté des temps.
Film d’action et d’aventures, mais aussi et surtout film sur la puissance des fratries, « Voleurs… » a du souffle. Le souffle de la virilité et le charme d’un désuet défaut d’ampleur épique, dû à un évident manque de moyens financiers, (*), intelligemment compensé par une approche d’individus qui se jaugent et se confrontent tout au long d‘une traque-vendetta laissant peu de place à la pitié.
Film de fière allure, aux dialogues rares, dans lequel une nature drue, baignée de lumière minérale répond à la tension des rapports humains, « Voleurs… » envoûte par un quatuor d’acteurs qui donnent, aux notions de rapacité et de représailles, sauvagerie et vigueur.
Au cœur de cette férocité relationnelle, il y a, comme une rose solitairement éclose, de l’inattendue tendresse. Celle qui unit chaque frère à son frère et celle qui soude, plus souterrainement et malgré leurs disparités, les deux couples fraternels. La sève propre à chacun de ceux-ci fonctionnant à l’identique sur le modèle d’un aîné qui prend soin de son cadet, d’un plus résistant qui protège un moins solide.
Cette complémentarité (**) à la fois suggérée et explicitée, colore ce film âpre et beau, d’une humanité suffisamment palpable pour pulser les frères survivants l’un vers l’autre. Parce qu’il est moins effrayant ne pas affronter, seul, la vie et ses rudesses.
Il y a, dans « Voleurs… » quelque chose de la hardiesse des « Cosaques » (***) de Tolstoï et du sens de l’honneur du « Michel Kohlhaas » d’Heinrich von Kleist.
Il y a aussi ce ton étonnamment moderne qui fait écho à l’aplat sans fioritures du nouveau cinéma allemand et augure d’un potentiel de metteur en scène à la fois inspiré et intégré au plus prometteur du cinéma actuel. (m.c.a)
Site officiel du film : www.voleursdechevaux.be
(*) excluant notamment pour les scènes de combats le recours au 35 mm traditionnel.
(**) comme celle du yin et du yang, du féminin et du masculin, du maître et du disciple
(**) qui ne s’encombrent pas d’un inessentiel symbolisé, ici, par la justesse d’un titre dont l’« aphérèse » voulue de l’article (défini ou indéfini) devant le mot « Voleurs » donne au film le tempo rapide de chevaux conduits à vive allure. Ou encore pour reprendre le premier mot de cette recension, de chevaux au « galop ».