Drame sentimental
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WHERE THE TRUTH LIES

Atom Egoyam (Canad/GB 2005 - distributeur : Les Films de l'Elysée)

Colin Firth, Kevin Bacon, Alison Lohman

107 min.
4 janvier 2006
WHERE THE TRUTH LIES

Hitchcock, dans « The trouble with Harry » posait la question de savoir qui avait tué Harry. Dans sa réponse il développait l’idée d’un morcellement de la réalité.

Dans « Where the truth lies » Egoyam pose lui aussi une question : qu’est-il arrivé à Maureen O’Flaherty retrouvée morte dans la baignoire d’une luxueuse suite d’hôtel ?

La solution qu’il met en place, tout aussi diffractive que celle de Hitchcock, induit en sus un malaise diffus, car elle exige de la part de la journaliste qui va enquêter une traversée des apparences qui
ne feront à l’être humain aucune grâce de ses noirceurs : perversions en tout genre, addictions diverses et délations.

Le cinéma d’Egoyam n’est pas un cinéma qui réconforte le spectateur. Au contraire il l’interpelle voire le malmène, par sa complexité et son ambiguïté.

Déjà le choix du titre pose toute l’équivocité du propos : faut-il le traduire par « Là où se trouve la vérité » ou par « Là où la vérité ment ».

Un des personnages du film interprète, dans un show, le rôle d’Alice, celle de Lewis Carroll, qui
est amenée à passer de l’autre côté du miroir pour découvrir que ce qui s’y cache est bien plus mystérieux et énigmatique que ce qui s’y reflète.

Cette référence n’est évidemment pas innocente d’autant que la trame narrative se déplie autour d’un célèbre duo de comiques de la télé américaine des années 50 dont la vie hors scène est bien éloignée du côté bon enfant de leurs spectacles.

Gagne-t-on à se confronter à la vie réelle de son prochain ou faut-il mieux laisser à celle-ci sa
part de voile qui protège d’une vérité choquante ou blessante ?

Autant la réflexion d’Egoyam est sombre et tortueuse, autant sa façon de filmer est maîtrisée et
chatoyante – il filme les jeunes femmes avec une volupté rarement atteinte.
Un contraste qui captive et subjugue avant de se rendre compte qu’il est, lui aussi, un piège permettant une plus grande manipulation de l’image à la façon du meilleur de Brian de Palma. (m.c.a)