Drame politique
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ROMANZO CRIMINALE

Michele Placido (Italie/France/GB 2005 - distributeur : Cinéart)

Kim Rossi Stuart, Stefano Accorsi, Anna Mouglalis, Pierfrancesco Favino

148 min.
26 avril 2006
ROMANZO CRIMINALE

Au premier abord l’accolement d’un adjectif à tonalité froide « criminale » à la douceur qui accompagne d’habitude la « romanzo » désarçonne et intrigue. En bout de film on se dit que cet appariement a-logique et presque contre nature est la première trouvaille de qualité d’une œuvre qui en compte beaucoup.

Pendant 15 ans de jeunes « Rastignac » qui choisissent leur patronyme de guerre en fonction de leurs modèles cinématographiques (De Niro dans « Goodfellas », James Woods dans « Once upon a time in America ») vont être fidèles à la promesse qu’ils ont faite de s’emparer du monde romain de la drogue, du racket et de la prostitution.

Ils atteignent leur but parce qu’à la fois ils ne reculent devant aucune violence et qu’ils trouvent, dans cette Italie des années 1970 (justement nommées « de plomb » si l’on se réfère aussi à une des composantes des balles de revolver) une niche sinon d’accueil du moins d’indifférence à leur délinquance.

Placido se sert habilement d’images d’archives pour rappeler que la dimension historique de l’époque par ses collusions entre le monde politique et la mafia, entre les terroristes et les ultra conservateurs, n’est jamais bien loin de la toile de fond de son scénario tiré d’un passionnant roman de Giancarlo De Cataldo qui fut Juge à la Cour d’Assises de Rome.

« Romanzo Criminale » est une brutale et fébrile mise en cinéma d’années dont le même Placido soulignait dans son scénario de « La Meglio Giuventu » le côté ubac alors qu’ici c’est leur côté adret qui nous fait souvenir à quel point les démocraties sont des systèmes fragiles et renversables.

Le montage serré empêche le film de (trop) s’égarer dans un éclatement de séquences mosaïques
ou de se perdre sous une avalanche de supputations donnant à penser, notamment, que les voyous auraient pu retrouver Aldo Moro si le gouvernement en place leur en avait laissé la possibilité.

Faire l’Histoire est difficile, la reconstituer (en ne disposant que d’une perspective de 30 ans)
est encore plus difficile . Placido n’a pas craint pourtant de se lancer dans cette aventure.
S’il ne parvient pas totalement à convaincre, il réussit néanmoins dans sa tentative bien mieux
que ne l’avait fait Renzo Martinelli qui, dans « L’affaire des 5 lunes », avait démonté de façon
brouillonne l’enlèvement d’Aldo Moro mais moins bien que Rosi dans « Cadaveri eccellenti »

La bande son est magnifique tant elle colle aux standards de l’époque donnant au film une percutante véracité sonore.

En sortant de « Romanzo criminale » j’ai eu envie de revoir le film qu’ Ettore Scola réalisait en 1975 « Affreux, sales et méchants ». Là aussi les héros sont prêts au vol et au meurtre pour se procurer de l’argent. Là aussi aucun état d’âme mais une mise à distance par l’humour qui fait toute la différence avec la venimosité de cette anti « Dolce Vita ». (m.c.a)