Drame familial
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LA VIE AVEC MON PERE

Sébastien Rose (Canada 2005 - distribution : Imagine Film Distribution)

Raymond Bouchard, Paul Ahmarani, David La Haye, Hélène Florent)

105 min.
7 juin 2006
LA VIE AVEC MON PERE

Sans la famille les cinéastes seraient bien embêtés.
En effet combien ne sont-ils pas à avoir centré leur narration autour de ces portraits de tribus plus ou moins étendues au sein desquelles se nichent des drames, des bonheurs et des leçons de vie ?

Dans « La vie avec mon père » deux frères que tout oppose voient débarquer leur père, un homme qu’ils connaissent peu parce que trop absorbé par son intérêt pour le beau sexe, il ne s’est pas beaucoup occupé de ses fils.

Et pourtant ceux-ci ne lui en tiennent pas rigueur. Au contraire ils semblent presque se réjouir de l’occasion qui leur est offerte de connaître cet homme excentrique et hédoniste.

Le père a été décliné moult fois sur le grand écran.
Son image est ouverte à toutes les possibilités et à toutes les projections : fusionnelle - avec Sokurov dans « Father & son »), distante - avec Michel Bouquet dans « Comment j’ai tué mon père », crainte avec Niels Arestrup dans « De battre mon cœur s’est arrête » ou admirée - avec Philippe Caubère dans « La gloire de mon père »).

Malgré un humour souvent présent et parfois même piquant, le film dégage une atmosphère
douce-amère renforcée par le fait que si le père revient c’est à la fois parce qu’il n’a plus d’argent et qu’il est malade.

Et ce ne sont pas les envolées lyriques de conseils de vie, voire les leçons philosophiques hyper consensuelles dispensées ( martelées ?) par celui qui fut autrefois l’auteur encensé d’un seul livre
(comme l’était Sean Connery dans « Finding Forrester ») qui allégeront une impression d’artificialité exagérée.

Il est vrai que l’amour filial est une réalité difficile à rendre et que souvent trop de paroles alourdissent le désir de rendre une émotion palpable. Tout le monde n’est pas Vittorio de Sica qui avait su rendre cet amour à travers la fragile mais déterminée poignée de mains d’un père et de son fils dans « Le voleur de bicyclette ». Le cinéma est un art subtil où trop d’explicite déforce l’implicite.

Alors en quoi le retour de ce père prodigue est-il intéressant ?
Est-ce parce qu’il pose la question de savoir ce qu’on lègue, fors les biens matériels, à ses enfants ? (*)
Ou est-ce parce que, par sa seule présence, il fait naître, chez ses fils, un sentiment nouveau, celui de la fraternité ? Ce moment que Pontalis dans son dernier essai « Frère du précédent » pointe comme étant celui où la « frérocité » devient la « fréreté ». (m.c.a)

(*) à voir l’intéressante exposition « Family Affairs » au Bozar jusqu’au 10 septembre.