Un must
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ALAMAR

Pedro Gonzàlez-Rubio (Mexique 2009 - distributeur Cinematek)

Jorge Machado et Natan Machado

73 min.
7 juillet 2010
ALAMAR

Coincée entre ciel et eau, cette histoire simple et profonde émeut parce qu’elle s’intéresse à deux relations paradisiaques.

Paradisiaques et menacées.

La relation d’une part entre un père et son fils de 4 ans qui partira bientôt vivre avec sa mère loin de la terre qui l’a vu naître.

La relation d’autre part entre une nature et ses habitants qui, parce qu’ils la respectent, peuvent l’apprivoiser sans l’abîmer.

Deux équilibres fragiles sur lesquels plane l’ombre d’un avenir dont l’incertain est effleuré par une mise en scène fluide et soyeuse. Qui évoque, par son mystère et ses silences, celle du réalisateur argentin Alonso Lissandro dans "Los muertos".

Qu’adviendra-t-il de l’affection tactile de ces deux êtres lorsque le plus jeune sera happé par la modernité du monde occidental ? Ne risque-t-il d’oublier, confronté aux bruits et à la vacuité urbaines, la transmission paternelle d’un savoir élémentaire mais éternel : le bonheur n’est que la résultante d’une secrète symbiose entre soi et ce qui vous entoure.

Qu’adviendra t-il de ces modestes baraques sur pilotis construites à proximité d’un banc de corail – celui de Banco Chinchorro menacé par la destruction d’un écosystème harmonieux qui permet à un héron de côtoyer un crocodile.

Qui permet à ses résidents de vivre d’une pêche variée et abondante.

Des mots rares viennent se poser sur des images à la noblesse épurée. Ils parlent tous de lenteur, de calme, d’absence de précipitation.

Ils conseillent de marcher sans hâte là où l’on veut arriver.

« Si j’avais cinquante trois minutes à perdre, dit le Petit prince, je marcherais tout doucement vers une fontaine ».

Si vous en avez 20 de plus à dépenser, allez à Flagey voir ce que donne la poésie lorsqu’elle se rime sur pellicule.

Allez-y à votre rythme. Vous en sortirez enrichi. (mca)