Chronique familiale
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Coup de coeurLE SKYLAB

Julie Delpy (France 2011)

Bernadette Laffont, Emmanuelle Riva, Noëmie Lvosky, Aure Atika

113 min.
5 octobre 2011
LE SKYLAB

Le skylab est resté dans nos mémoires comme la première station spatiale américaine lancée en 1973 et désintégrée quelques 6 ans plus tard en rentrant dans l’atmosphère.

« Le skylab » de Julie Delpy restera dans nos mémoires comme un des films français les plus bavards de la décennie.

Flot de mots, farandoles de paroles sous lesquels le spectateur risquerait la noyade et/ou la suffocation s’il n’était sauvé par un immédiat et spontané intérêt pour cette comédie chorale, malicieuse, bourrée de vie.

Et de ce charme sélectif qui veut que l’on ne garde des souvenirs d’enfance que le meilleur et le plus rigolo.

Pour l’anniversaire de mamie, une toujours chouette Bernadette Laffont, toute la famille se réunit le temps d’un week-end à la fin de l’été 1979 quelque part en Bretagne.

Occasion rêvée pour la narratrice de poser un regard tendre et cocasse sur des parents, oncles, tantes et cousins qui s’aiment et se chamaillent avec la même belle et décomplexée énergie.

Film dégingandé et vif, « le skylab » a ce quelque chose du mélange séduction/irritation propre à l’adolescence vers laquelle s’achemine entre premiers émois amoureux et premières prises de conscience politique la jeune héroïne, Albertine ( prénom rare et hommage à Marcel Proust, à Albertine Sarrazin ? )

Il se regarde avec une désinvolture qui n’est que le miroir de l’impression qu’il dégage d’avoir été tourné avec un enthousiasme qui ne confond pas rigueur et sérieux.

Il se dévide sans heurts et sans grand souci de bienséance, comme une pelote de laine de couleur gaie qu’on prend plaisir à tricoter avec de grosses aiguilles dont on sait qu’elles ne traceront pas un pull de grande finesse mais un chandail que l’on portera pour son confort et sa chaleur revigorants.

Julie Delpy qui nous avait déjà convaincus de ses talents de scénariste enjouée et sarcastique dans "2 days in Paris" et "Before sunset", continue ici à explorer la veine de réelle tendresse et de joyeux cynisme qui font mouche parce qu’ils sonnent vrais et sans apprêt - même si parfois les dialogues sacrifient un peu trop à la sensation d’ "improvisation travaillée".

Entourée d’une bande d’acteurs attachants et punchy, elle forme avec Eric Elmosnino un couple folklorique comme l’étaient Marie Pillet et Albert Delpy dans son premier film en tant que réalisatrice « 2 days in Paris ».

Je ne sais pas comment est Julie Delpy dans la réalité.

Mais dans la fiction son langage de sapeur-pompier, son entrain communicatif, sa liberté de ton donnent envie de lui serrer la pince.

Et de l’assurer de toute notre sympathie. (mca)