Drame sentimental
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UN BALCON SUR LA MER

Nicole Garcia (France 2010)

Marie-José Croze, Sandrine Kiberlain, Claudia Cardinale, Jean Dujardin

105 min.
22 décembre 2010
UN BALCON SUR LA MER

Est-ce un truisme ou une nécessité de rappeler combien notre regard sur un film dépend des souvenirs conservés de ceux précédemment vus ?

Et dont nous avons encore le coeur emparfumé de sensibilité, d’émotions faites de force et de délicatesse.

 

Ce qui est le cas de la filmographie de Nicole Garcia. 6 films (*) en 20 ans.

 

Production pondérée permettant à chaque fois à la personnalité de la cinéaste de s’installer, de se développer et de laisser chez le spectateur une rémanence harmonisant mélancolie et nostalgie.

Avec « Un balcon … » la mélancolie est toujours là. Mais moins pure et moins troublante.

Comme si elle était diluée dans un flot de trop.

Trop de faux-semblants, de croyances naïves, d’éparpillements à tous vents (marins) de la mémoire dans un souci de cinématographie redondante, souvent peu naturelle et de mélanges de genre (thriller ? crise de la mi vie ? recherche d’un passé fondateur ? ) qui noient le spectateur.

Et le découragent de réellement s’intéresser à la quête de Marc.

Agent immobilier dans une société du Sud de la France - chez Garcia les lieux toujours précisément décrits sont de précieux indicateurs de l’intériorité des personnages - Marc est marié (à Sandrine Kiberlain, jolie comme une coeur) et apparemment heureux.

Jusqu’à ce que sa route croise celle de Cathy, jeune femme qui lui rappelle un amour de fin d’enfance vécu à Oran. Durant la période troublée de la guerre d’Algérie.

Il y a chez la réalisatrice une envie - comme Dany Laferrière le fait pour ses jeunes années passées à Haïti - un besoin de se pencher sur un passé (le sien), une ville, une époque qui font écho à des blessures mal cicatrisées (les siennes), à des impossibilités d’oubli. A des refoulements fragiles comme de la dentelle.

Si Nicole Garcia a gardé sa capacité d’analyser les méandres du cerveau reptilien masculin – elle est de celui-ci une des rares exploratrices (**) - elle en a perdu (provisoirement sans doute) la finesse en raison d’une accumulation de flash back et de romanesque qui leste son propos d’une périlleuse perte de fluidité scénaristique.

En dégomme la crédibilité sous un fatras d’invraisemblances.

Et surtout égoïsent son intention. Car si les sollicitations à se pencher sur la perte des innocences et illusions sont nombreuses, celles à réfléchir au drame vécu par les Pieds Noirs se comptent sur les doigts d’une main sérieusement amputée.

Ceux qui espèrent capter dans « Un balcon … » un frémissement qui leur rappellerait les grands suspens obsessionnels du style « Vertigo », doivent immédiatement être avertis que Jean Dujardin, malgré ses efforts, n’est pas James Stewart.

Et Marie-Josée Croze, malgré sa blondeur, n’est pas Kim Novak. (mca)

 

(*) et un court métrage « 15 août » (1986)
(**) avec Kathryn Bigelow qui, avec « The hurt locker », avait admirablement saisi le désir profond, quasiment ADNéique des dangers inhérents aux guerres.