Anouk Aimée, Clotilde Coureau, Liza Cipriani, Stefano Accorsi, Neri Marcorè
"Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil" (*) dans le 2ème film, après "Il y a longtemps que je t’aime", de l’écrivain Philippe Claudel.
Tout le monde. Sauf Berlusconi.
Certes, il est aisé de souligner la fosse des Mariannes qui existe entre le gris des âmes du premier roman (**) du réalisateur et le rose bonbon de cette chronique familiale - un père veuf est confronté aux premiers émois de sa fille adolescente - au déroulé narratif plat comme un galet poli par de multiples marées et à la mise en scène hésitant entre absence et indolence.
Mais c’est oublier qu’on aurait tort de se plaindre d’une histoire qui, fait suffisamment rare pour l’épingler, refuse de faire la part belle aux dysfonctionnements relationnels, aux sentiments violents et tourmentés mais au contraire confère à ses personnages des qualités en voie de disparition : la gentillesse, le goût du partage, la fidèlité et l’amour de l’Art - chez Claudel on lit, on peint, on fait partie d’une chorale, on écrit des poèmes.
Sans vouloir minimiser le côté "BA" (la bonne action quotidienne pour ceux qui se souviennent de leur devoir de scout ou de guide) de "Tout le ...", il faut reconnaître que lorsque celle-ci est incarnée par un acteur beau, sympathique - Stefano Accorsi - qui relève, sans être écrasé par l’image de son célébre aîné Nanni Moretti sur une Vespa, le défi de rouler en mobylette, de danser seul sur un pupitre professoral la tarentelle et de dire à sa fille, loin de tout sensiblerie déplacée combien il l’aime, pourquoi faudrait-il bouder son plaisir ?
Un plaisir simple, à prendre au premier degré, dépourvu de pose et qui laisse sur le pas de la porte le snobisme actuel (qui rime souvent avec cynisme) de confondre bienveillance et mièvrerie.
Tendresse et niaiserie. (mca)
(*) Film de Jean Yanne (1972)
(**) le livre "Les âmes grises" est édité en Poche