Drame intimiste
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IMPARDONNABLES

André Téchiné (France 2011)

Carole Bouquet, Mélanie Thierry, Adriana Asti, André Dussolier, Mauro Conte

17 août 2011
IMPARDONNABLES

Il arrive que l’on ait envie, en sortant d’une projection, de s’étirer.

Longuement. Sans égard pour ceux étaient assis à vos côtés, juste désireux de céder à une envie qui peut être de plaisir ou d’ennui.

Après « Impardonnables », l’étirement est d’ennui.

Comme si celui qui suinte du film était sorti de l’écran et par contagion s’emparait de vous. Malgré vous.

Sans doute parce que le réalisateur semble manquer de conviction, de foi dans ce qu’il fait. Plus soucieux de respecter un cahier des charges - « Impardonnables » est une commande – que de sauter corps et âme dans un scénario pour lui donner forme et consistance.

Adapté sans grande fidélité d’un roman de Philippe Djian, le film raconte l’histoire de Francis, un écrivain (un André Dussolier assez absent) qui débarque à Venise, s’installe dans une maison isolée sur l’île de San Erasmo, vit une histoire d’amour avec Judith (une très belle Carole Bouquet), d’amitié avec une voisine et connaît avec sa fille (une Mélanie Thierry plutôt infatué) des rapports tourmentés depuis le décès de son épouse.

A l’instar de la barque qui fait la navette entre la cité des Doges et San Erasmo, « Impardonnables » est souvent fort chargé.

Lesté de trop d’histoires, de souvenirs croisés dont le cinéaste semble avoir égaré les fils conducteur et fédérateur.

Donnant ainsi l’impression d’être sinon noyé du moins englué dans un traitement scénaristique incohérent et erratique qui donne au film un côté déroutant. Brouillon, éparpillé, tiraillé entre anecdotes et banalités.

Incapable de transcrire sur grand écran plusieurs des lignes directrices de la méthode Djian : l’art de l’ellipse, la fulgurance et l’attention aux petites choses de la vie.

Déficits narratifs qui ne sont pas compensés par une mise en scène rythmée ou personnalisée mais au contraire sont aggravés par une impression d’aplatissement volontaire de la forme.

Privilégiant l’étrange sentiment que le cinéaste ne trouve aucun charme à Venise qu’il filme avec une absence d’entrain surprenante (*)

Même dans la série télévisée des enquêtes du commissaire Brunetti, la Sérénissime a des couleurs, des atouts et un style à côté desquels ceux de Téchiné sont bien pâlots et anémiques.

Ce qui est, pour l’une des plus énigmatiques villes du Monde, pour le moins « impardonnable » (mca)

(*) pourquoi ne pas avoir conservé comme lieu de l’action celle du roman (paru en poche Folio), le Pays Basque ?