PORTABLE LIFE

Cinématographie et photographie : inséparables sœurs ?

Cinéma et photo : sœurs ennemies ?

Ce qui est intéressant dans ce premier film de la jeune réalisatrice belgo-néerlandaise Fleur Boonman (*) ce qui le sauve d’une certaine opacité, c’est sa capacité de (re)nouer entre ces deux modes d’expression visuelle un dialogue.

Un lien dont la fertilité est de s’inscrire dans l’approche d’un réel qui mélange des époques et des mondes différents.

Différents mais cohérents parce qu’ils sont le reflet d’un voyage dans les souvenirs, rêves et hallucinations d’une jeune fille dont on fait la connaissance quelque part sur une route incandescente de l’Afrique du Sud.

Et que l’on suivra autant dans ses vagabondages physiques à travers le Monde (Syrie, Bali, Grèce, Belgique …) que dans des voyages mentaux en quête d’une compréhension d’elle-même.

Film étrange, décousu, farfelu, saugrenu.

Parfois profondément ennuyeux, parfois étrangement fascinant, « Portable life » est proche d’une expérience sensorielle dans laquelle poésie baroque et folie inattendue se donnent la main pour tisser un fil.

Dont le sens et la direction dépendent des associations librement consenties par le spectateur.

Si celui-ci ne projette rien, la pellicule restera lettre morte.

Si celui-ci choisit de s’impliquer, de s’engager à donner consistance à ce qu’il voit, « Portable … » s’anime et devient un objet qui se mérite.

Dévoilant peu à peu ses richesses intérieures, celles d’une âme qui essaye de se capter dans ses plis les plus enfouis, les plus mystérieux.

Fleur Boonman sera à Flagey au studio 5 ce 21 septembre pour nous accompagner dans la découverte de son film.

Et nous aider à mieux en percevoir les rouages subtils et énigmatiques.

Symbolisés notamment par le choix du prénom du personnage principal : Sea. Qui renvoie tout autant à la mer, cette matrice de toute vie selon certaines philosophies (**) qu’à l’action de voir (see).

Qui fonde la raison d’être du 7ème art. (mca)

(*) surtout connue pour son travail de photographe cimaisé dans de nombreuses galeries belges et étrangères.
(**) la cinéaste a fréquenté durant 4 ans une école Rudolf Steiner dont l’enseignement est connu autant pour délier qu’endoctriner l’imaginaire.