Qui suis-je ?
1étoile(s) 1étoile(s) 1étoile(s) 1étoile(s) 1étoile(s)

SUBMARINE

Richard Ayoate (GB/USA 2011)

Yasmin Paige, Sally Hawkins, Craig Roberts, Noah Taylor, Paddy Considine

97 min.
16 novembre 2011
SUBMARINE

Reste-t-il quelque chose d’un film dont on n’a aimé ni l’histoire, ni les acteurs, ni la mise en scène ?

Oui et c’est bien cela le miracle du 7ème art. Il n’arrive que très rarement que tout soit à jeter.

Ce que le spectateur emportera avec lui à l’issue de la projection, c’est l’ impression d’avoir été immergé dans une lumière particulière.

Changeante comme la saison du récit - l’automne.

Naturelle comme le pays de Galles, cette partie de la Grande Bretagne qui ne s’embarrasse pas de la sophistication urbaine.

Et voilée comme ces bords de mer le long desquels aime se promener Oliver Tate, un adolescent lunaire aux visées pourtant bien terrestres : perdre sa virginité, empêcher sa mère de tomber sous l’emprise amoureuse d’un voisin et rendre à son père, abîmé par la routine quotidienne, le goût de vivre.

Triples tâches bien ambitieuses pour un jeune homme habité par un spleen autodestructeur que souligne, en cinq mouvements (un prologue, 3 actes et un épilogue) un montage déconcertant parce qu’il oscille entre lenteur, secousses rythmiques et exercice de style.

Style décoratif qui emprunte aux clips leur côté toc et abuse de l’omniprésence d’une voix off qui non seulement devient vite insupportable mais porte une inutile concurrence à l’une des seules qualités du film - une intéressante bande son d’Alex Tuner des Arctic Monkeys.

Comme dans beaucoup de réalisations dont le thème se concentre autour de l’adolescence, c’est confronté à des événements, menus ou graves, qu’Oliver cherche à mieux se définir et lorsqu’il n’y arrive pas à temporiser ses désappointements en réinventant, grâce à son aisance langagière, une réalité moins froide et banale.

Il y a du ludique, parfois du farfelu dans « Submarine » mais il y a surtout une bien encombrante recherche d’esthétisme qui plombe l’émotion propre à cet âge où l’on croit compenser une timidité excessive par un recours sophistiqué à la culture.

Il y a peu de spontanéité et trop de gadgets formels dans ce « Submarine », peu de crédibilité chez les interprètes secondaires - sauf Sally Hawkings dont le sens inné du fantasque décalé fait toujours mouche - et trop de dandysme affecté chez l’acteur principal, Craig Roberts - un lointain cousin de Bud Cord dans « Harold & Maud » de Hal Ashby - pour faire de ce premier long métrage l’objet déjanté que l’on attendait de celui qui a été dans la série britannique « The It crowd » une réjouissante caricature du nerd (*)

Finalement ce qui manque le plus à ce sous-marin pour susciter l’envie d’y embarquer c’est d’être de la couleur enlevée, dynamique et mythifiée par les Beatles : yellow. (mca)

"Submarine" est l’adaptation d’un livre de Joe Dunthorne édité chez Pinguin Books

(*) une personne solitaire, voire asociale, obnubilée par les techniques informatiques.