EN SECRET (CIRCUMSTANCE)

S’il est une qualité qui vient spontanément à l’esprit quand on dit cinéma iranien contemporain c’est incontestablement celle de courage.

Courage de filmer, de prendre des risques pour continuer à dire et à montrer même si le pouvoir en place peut, parce qu’il n’apprécie pas les esprits libres, vous condamner.

A la prison, au silence forcé - on pense à Jafar Panahi et à Mohammad Rasoulof privés du droit d’exercer leur métier de cinéaste pendant 20 ans !

A l’exil - on pense à Shirin Neshat qui choisit d’estoquer les réalités de la vie des femmes en Iran depuis sa retraite de San Francisco dans son allégorique « Women without men » -.

Dans « Circumstance », tourné au Liban avec un casting d’Iraniens expatriés, Maryam Keshavarz nous propose le portrait d’une passion amoureuse.

Entre deux jeunes filles (interprétés par des actrices à la fois belles et sensibles) dont les désirs de liberté se heurtent rapidement aux règles religieuses et morales de la société iranienne.

Il y a dans ce film une élégance, une singularité presque douce qui ne font que rendre plus douloureuses les émotions des amantes et violentes les réactions de leurs familles qui ne supportent pas ces besoins d’indépendances et ces envies de plaisirs.

La caméra de Maryam Shevaraz ne s’égare ni dans le superflu ni dans le flou, elle ne sacrifie à aucun esthétisme dissipateur d’attention, elle ne cède pas à la facilité de l’idéalisation d’une jeunesse sans reproche – celle du film aime flirter avec les dangers de la drogue, les expériences sexuelles et les codes d’une culture vécue comme stéréotypée et frustrante.

Elle ne poursuit qu’un but sans pourtant donner l’impression d’être obsessionnelle ou agressive : cerner le chemin captieux par lequel des hommes et des femmes au départ plutôt libres penseurs vont être amenés à se radicaliser.

A verser dans un Islam d’interdits, de tabous et de fermeture au Monde.

« Circumstance » a obtenu le Prix du public au festival de Sundance 2011. (mca)