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REALITY

Matteo Garrone (italie, 2012)

Aniello Arena, Loredana Simioli, Claudia Gerini, Ciro Petrone, Nunzia Schiano, Nando Paone

110 min.
7 novembre 2012
REALITY

C’est un compte mélodramatique et tragique qu’a réalisé Matteo Garrone.
Avec son dernier film – présenté à la 65e édition du Festival de Cannes en compétition officielle et qui a remporté le prix du jury – l’étoile montante du cinéma italien nous présente l’histoire (à la fois réelle et romancée) de Luciano Ciotola, talentueux poissonnier napolitain.

Son rôle est magistralement interprété par Aniello Arena, acteur de théâtre et condamné à perpétuité.

 

L’action se déroule dans la belle et décadente ville de Naples, qui déborde de couleurs.

 

Les Ciotola habitent avec le reste de la famille dans un immeuble délabré d’un modeste quartier de Naples. La tante, l’oncle, la grand-mère, l’épouse et la bruyante famille napolitaine au complet est prête à pousser Luciano, naïf Pinocchio, vers une vie de succès sur le petit écran de l’émission de téléréalité Grande Fratello (Big Brother).

 

Luciano est appelé à Rome et, sous la supervision attentive du réalisateur, il traverse les portes de Cinecittà pour le casting de Grande Fratello .

 

Les studios, symbole de l’âge d’or du cinéma italien, sont envahis par ceux – jeunes et vieux – qui font la queue pour participer à l’émission, et en toile de fond, l’histoire de cet endroit, la « Venusia » du Casanova de Fellini, est à peine perceptible.

 

« Cinecittà est un mot magique », avait un jour affirmé Dante Ferretti.

 

Sous les yeux étonnés et amusés des spectateurs, Cinecittà devient le théâtre de l’absurde, du ridicule, mais également de l’espoir et du rêve de millier de personnes.

 

Car, si dans les années de l’après-guerre, le grand écran en Italie était un témoin de vérité, aujourd’hui, le petit écran se place sur le devant de la scène et vide totalement la réalité de sa substance.

 

Luciano nous fait parcourir les rues de sa vie comme on parcourrait les bruyantes rues de Naples. L’introduction au film nous fait pénétrer dans un château enchanté, un conte féérique. Sauf qu’il s’agit d’un conte noir. D’un film qui se nourrit de contrastes et de contradictions.

 

Comme emmenés en voyage à travers l’Italie – un pays qui s’est métamorphosé au cours des 20 dernières années – les spectateurs sont invités à parcourir la psyché du protagoniste en perdition.

 

Apparaître et paraître à la télévision devient synonyme d’exister et le problème n’est plus seulement narcissique mais existentiel.

 

( Lucia )