HECTOR AND THE SEARCH FOR HAPPINESS

Hector, psychiatre londonien, mène une vie confortable et bien rangée en compagnie de Clara, qui, chaque matin, veille à lui aligner méticuleusement ses mouillettes et son œuf à la coque. Mais à quoi bon cette petite vie « neat and tidy » si Hector ne parvient pas à rendre heureux ses patients ? Et lui-même est-il vraiment heureux ? Aussi décide-t-il d’abandonner sa gentille compagne et son univers routinier pour faire le tour du monde et trouver ce qui rend les gens heureux aux quatre coins de la planète. De Shanghai au sommet de l’Himalaya, en passant par l’Afrique et les États-Unis, Hector explore les visages du bonheur factice autant qu’il parcourt les lieux d’où jaillit la vraie joie de l’âme, celle qui s’inscrit dans la permanence. Personnage « Tintinisé » dont la maladresse n’est pas très éloignée d’un Mr. Bean, Hector a tout de l’aventurier candide qui parvient à s’attirer autant la sympathie d’un trader surmené que d’un moine bouddhiste ou d’un trafiquant de drogues.

Adapté du best-seller « Le voyage d’Hector ou la recherche du bonheur » de l’écrivain et psychiatre français François Lelord[1], Hector and the search for hapinness est le type même du « feel good movie ». Drôle, léger et divertissant, ce film, scénarisé selon les codes d’un conte moderne, se réapproprie les sentences d’un Candide ou d’un Sénèque en herbe.

« Vivre heureux, mon frère Gallion, tel est le vœu de tous ; mais on s’aveugle sur les moyens qui peuvent sûrement réaliser le bonheur. Il n’est certes pas facile de parvenir à la vie heureuse, et on s’éloigne d’autant plus que l’on court plus rapidement après elle, si l’on s’est trompé de chemin. Quand le chemin conduit en sens contraire, la vitesse même augmente la distance. … »[2]

Si ces pensées écrites par Sénèque entre 57 et 58 dans son traité « De la vie heureuse » peuvent résumer en quelques lignes le périple entrepris par Hector, force est de constater que la poursuite du bonheur demeure intemporelle. La presse britannique n’a pas manqué de critiquer Hector and the search for happiness pour le côté caricatural de son personnage principal et les conclusions simplistes que celui tire de ses rencontres parfois hasardeuses.

Certes, Hector ne nous révèle pas grand-chose de neuf sur les tropiques du bonheur mais la simplicité n’est-elle pas, très souvent, tellement aveuglante qu’elle nous empêche d’en discerner l’évidence ? Le voyage aurait certes pu être raccourci de quelques fuseaux horaires car l’aventure d’Hector accuse quelques longueurs en pays africain mais peut-on reprocher à un film divertissant d’offrir à son public en classe économique une thérapie brève, dont les ressorts comiques sont peut-être plus efficaces que deux séances chez un psy ?

( Christie Huysmans )

[1] François Lelord a également écrit deux livres qui font suite à son roman « Le voyage d’Hector ou la recherche du bonheur » : « Hector et les secrets de l’amour » et « Le nouveau voyage d’Hector, A la poursuite du temps qui passe ».

[2] Citations extraites de Sénèque « De la vie heureuse ».