Chronique dramatique

LES JARDINS DU ROI

Alan Rickman

Kate Winslet, Matthias Schoenaerts, Alan Rickman

116 min.
1er juillet 2015
LES JARDINS DU ROI

Madame De Barra, femme paysagiste, reçoit une convocation chez André Le Nôtre, grand paysagiste de Versailles. Elle sera assignée pour réaliser le bosquet des Rocailles : la célèbre salle de bal à ciel ouvert dans les jardins de Versailles. Madame de Barra, femme téméraire et ambitieuse (moderne ?) se trouve au centre des regards de la cour. Nous sommes plongés dans une course à la construction, voilée par une romance entre une femme qu’on peut appeler "moderne" et André Le Nôtre, homme isolé de la cour, acharné au travail.

Alan Rickman, acteur et réalisateur, produit un audacieux projet : un face à face entre l’artificiel de le Cour de Versailles, et le travail de la terre dans la réalisation du bosquet des Rocailles. On voit Madame de Barra (Kate Winslet) dans la boue, réalisant le jardin de ses propres mains et on apprécie la beauté et le naturel d’Alan Rickman, filmé parfois en très gros plan. Rickman, de sa célèbre présence reptilienne, incarne un roi généreux et digne.

"Je pense que la caméra vous aime si elle peut vous voir penser et encore plus important, vous voir écouter". Atteste Rickman. Il est très agréable d’assister au bal de grands acteurs (Matthias Schoenaerts en André le Notre), filmés patiemment.

On apprécie enfin la reconstitution fidèle du film, parsemée de modernisme. Les costumes n’ont rien d’époustouflants, et Madame De Barra se présente même à la cour sans perruque. Rickman, crée des parallèles entre notre société et le microcosme de Versailles. Il tisse une leçon d’humilité.

Mais enfin, on s’interroge sur l’intérêt historique du film. En sortant, on ne sait rien sur l’histoire de la dantesque entreprise du bosquet, dernier travail d’André Le Nôtre, qui, après 30 ans de loyaux services auprès du Roi, fit venir à très grand frais de la mer Rouge et de l’océan Indien les coquillages qui décorent les fontaines. Les jardins du Roi, omet tous ses éléments et persiste dans la fiction.

Les jardins du Roi semble être pour Alan Rickman un prétexte à la romance aux couleurs (peu) Baroque, mais il est un bon film romantique.

 

( Camille Lancelin )