On connaît les mondes étranges des films de David Lynch. Les rêveries cauchemardesques, teintées d’une fascinante et morbide sensualité. La musique envoûtante. Par contre, on connaît sans doute moins l’artiste peintre que David Lynch est avant tout. Le documentaire « David Lynch – The Art Life » jette le voile sur l’icône que représente ce cinéaste, considéré comme l’un des plus énigmatiques du monde du cinéma, pour mettre la lumière sur l’individu qu’il est réellement, à la recherche de ce qui a nourri l’imaginaire de cet homme.
D’emblée, on se retrouve face à l’humain. Assis tout seul dans son petit fauteuil calé contre une table de son atelier, David Lynch fume clope sur clope, son regard turquoise enfoui dans les limbes de son esprit. Sa coiffure impeccable dénote avec ce décor simple et qui semble figé dans le temps. Dans l’intimité du studio, ce sont les paroles du conteur d’histoire qui nous entraînent dans le récit de sa vie.
Avec une certaine facilité, David Lynch nous parle de lui, de son enfance heureuse, de ses parents parfaits, du fait que dans les deux pâtés de maisons qu’il arpentait avec son frère et sa sœur, il y avait tout, car pour lui, tout est possible, n’importe où. Quelques mots jetés là et tout est dit, on comprend que très tôt, il voyait les choses autrement. Le mystère est invisible à l’œil, mais la magie Lynchéenne opère dans sa tête. Comme si l’étincelle créatrice avait éloigné de toute normalité cet enfant attiré par les recoins d’ombres plutôt que les espaces ensoleillés.
De souvenir en souvenir, le documentaire nous donne à voir les œuvres du jeune peintre, passant d’un événement à un autre, traçant ainsi les moments clé de son parcours, les personnes qui l’ont marqué et qui l’ont forgé. Néanmoins, au fur et à mesure qu’il dévoile ses peurs et ses incompréhensions, le mystère Lynch semble s’étoffer, les paroles se mêlent à la musique et aux volutes de ses cigarettes.
Il ne s’agit de toute façon pas de comprendre quoi que ce soi. Laissons l’énigme insondable du cerveau ou de l’esprit humain intact. Ce film est une belle rencontre avec un grand artiste, qui a vraiment des choses à dire quant à la créativité et dont je ne dévoilerai que celle-ci : « On a beau avoir de nouvelles idées, elles seront toujours teintées du passé. »
Le film est dédié à sa toute jeune dernière fille, comme une sorte de mémoire de père en fille. David Lynch, ce vieux dandy à la fois sage et torturé, solitaire et entouré, est très touchant.
Luz