GARÇON CHIFFON

« Garçons chiffon » de Nicolas Maury est un film sur la jalousie, une jalousie envahissante vécue par Jérémie (Nicolas Maury) , le réalisateur aimant, à ce propos, citer Roland Barthes : « Comme jaloux, je souffre 4 fois : d’être exclu, d’être agressif , d’être fou et d’être commun » .

Le film débute par une scène assez surréaliste d’une réunion des « Jaloux anonymes » à laquelle Jérémie, comédien, se résout à assister : absent, il raconte son histoire, le suicide de son père, son impossibilité à parler, le rôle qui vient de lui être refusé mais ne dit pas un mot de sa jalousie vis-à-vis de son amant.
Perdu dans Paris désormais hostile, il décide d’aller dans son Limousin natal retrouver sa mère, Bernadette (Nathalie Baye).

Ce film évoque aussi les problématiques du genre et comme le dit Nicolas Maury : « il.. pourrait se sous-titrer ‘à la recherche des hommes perdus’. ….Mon personnage est un personnage qui a développé une maladie en lui qui s’appelle la jalousie. Mais il voit cette jalousie comme une puissance de déchiffrement du monde. Il va, sans le savoir, enquêter sur les masculinités possibles. »

Ce film aurait pu s’appeler aussi « Vers Bernadette » comme le souligne Nicolas Maury car il dresse le portrait d’une femme étrange, blessée, qui comprend profondément et totalement l’identité de son fils. Nathalie Baye donne à cette femme une présence mystérieuse et attachante. Une musique originale composée par Olivier Marguerit accompagne les moments forts du film, notamment la dernière scène où Jérémie fredonne une chanson comme une espérance d’un nouvel amour.

Beaucoup d’émotions dans ce film devant la souffrance de Jérémie mais « une souffrance affichée comme elle doit l’être : à distance et avec une sorte d’humour »

(France Soubeyran)