Comédie burlesque
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Coup de coeurCONGORAMA

Philippe Falardeau (Canada/Belgique/France 2006 - distributeur : BFD)

Olivier Gourmet, Paul Ahmarani, Jean-Pierre Cassel, Lorraine Pintal

105 min.
17 janvier 2007
CONGORAMA

Le hasard et les coïncidences peuvent-elles transformer une existence ?

Film serpentin, le film se déplie en 3 volets lovés autour d’un ombilic universel : le mystère de la paternité.

Volet un : Michel habite Liège. Il est le fils d’Hervé, un écrivain reconnu mais aujourd’hui impotent et le père de Jules , un incroyablement sympathique gamin d’une dizaine d’années dont la mère est une congolaise à la tonicité morale contagieuse.

Apprenant tout-à-trac qu’il a été adopté, Michel décide de partir pour Sainte-Cécile, son Bethléem (comme Jésus il est né dans une grange) québécois.

Volet deux : A Sainte Cécile Michel rencontre Louis qui le prend en stop. Un émeu (*) errant déséquilibre le véhicule. Louis est dans le coma. Michel rentre en Belgique.

Volet trois : deux ans ont passé. Louis débarque à Liège pour y récupérer le brevet de la première voiture électrique qu’il soupçonne Michel de lui avoir dérobé lors de sa perte de conscience.

Falardeau, avec un sens très précis de l’organisation scénaristique, donne à ces 3 étapes de vie une coloration à la fois différente et juste. Drame (caméra dardénienne à l’épaule - on n’est pas à Liège pour rien) pour le volet I, road-move (façon Jim Jarmush « Down by law ») pour le volet II et résolution des tensions du thriller par un happy ending en volet III.

Construit comme les buildings japonais sur des fondations souples pouvant résister à n’importe quel séisme (ici émotionnel bien sûr) « Congorama » est bourré d’humour, porté par trois acteurs magnifiques.

Un Olivier Gourmet (**), baroque et matois, un Paul Ahmarani (« La vie avec mon père » de Sébastien Rose) qui lui sert de miroir abracadabrant, et un grandiose Jean-Pierre Cassel capable de susciter avec autant de force, dans un rôle de père, des émotions positives comme ici que négatives comme dans le « Bunker paradise » de Stefan Liberski.

« Congorama » surfe entre deux expositions universelles, celles 1958 à Bruxelles et de 1967 à Montréal, parsème avec un sang froid comique des incongruités linguistiques, et bizarrement réconforte.

Même si la vie semble n’avoir aucun sens et partir dans toutes les directions, ne vous fiez pas à son côté puzzle éclaté. Si vous savez en assemblez les pièces éparses, le dessin qui s’en dégagera ressemblera bien vite à un destin. (m.c.a)

(*) à ne pas confondre avec l’autruche qui aurait signé une autre histoire - celle d’un Michel continuant à « se mettre la tête dans le sable », alors que justement cet accident va l’inciter à voir avec plus de lucidité (au point même d’en perdre un œil) la réalité. Sa réalité.

(**) dont une interview détaillée à propos du film se trouve sur le site www.cinergie.be