Drame politique
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LE CANDIDAT

Niels Arestrup (France 2007 - distributeur : Les Films de l'Elysée)

Yvan Attal, Niels Arestrup, Clotilde de Bayser, Maurice Bénichou

95 min.
11 avril 2007
LE CANDIDAT

Il y a un point commun entre Walter Scott et Niels Arestrup : une imagination dont l’ossature est plus romanesque que crédible.

Les coulisses du pouvoir ont toujours séduit. Parce qu’on les suppose fertiles en mystères, en secrets, en fourberies et autres stratégies captieuses. Pour intéresser, la politique se doit de fourmiller d’anecdotes sulfureuses. La mort de François de Grossouvre aurait-elle suscité un documentaire (*) au titre accrocheur « Suicide à l’Elysée » s’il n’avait été l’ami et le confident de François Mitterand à l’époque où le second septennat était exténué par les scandales ?

Ce frémissement populaire pour la conjecture cabalistique, Niels Arestrup a su le capter et le mettre en forme dans un thriller politique élégant, presque mondain, qui met en scène un jeune politicien propulsé par son parti comme candidat aux élections présidentielles d’un pays qui n’est jamais nommé et pour lequel le contenu des programmes semble n’avoir aucune importance.

Michel Dedieu - un Yvan Attal qu’on aurait aimé moins somnabulique - va découvrir que derrière les prévenances dont il est l’objet, se cache une manipulation choralement orchestrée. 

Même si "Le candidat" sort en pleine période de préparations aux élections présidentielles françaises, Niels Arestrup se défend d’avoir voulu réaliser une « œuvre à clefs ».
Il aura plus de mal à nous persuader qu’il a veillé à éviter les clichés et lieux communs sur les magouilles, les conseillers de l’ombre et sur la présence de l’indispensable honnête homme au coeur d’un portrait de groupe uni par le mensonge et la manigance. Mais, hélàs, Yvan Attal n’a pas la grâce de James Stewart ni Arestrup le talent de Frank Capra dans « Mr. Smith goes to Washington ».

Le regard du réalisateur n’échappe pas aux défauts signifiants des films qui parlent de politique :
la lourdeur démonstrative (**), l’inévitable noirceur d’un monde dépourvu de déontologie et d’éthique (***) et le montage elliptique qui sert moins la logique d’une narration que la volonté argumentaire du cinéaste.

L’évocation d’un « gotha » élitiste, vaniteux - Niels Arestrup en Père Joseph fat et bronzé comme un GO est un sommet de ridicule - peuplé de grosses autos, de jolies femmes et de château auprès duquel Moulinsart a la modestie d’une masure, déforce ce que le propos pouvait avoir d’honnête intention. Elle élève « Le candidat » à une dimension de caricature et de grotesque qui désole ou fait rire selon l’humeur.

S’il est vrai comme le prétend Costa-Gavras dans sa conférence dans le cadre du programme universitaire « On set with French cinema » (****) « qu’un film de livre pas de réponse, il pose des questions », il est fort à craindre que celles-ci soient à la hauteur du récit : oiseuses, énigmatiques, et sans importance. (m.c.a)

(*) distribué ce 13 avril 2007 sur la chaîne câblée « 13ème rue »
(**) « Président » de Lionel Delplanque
(***) « Le juge Fayard dit le shérif » d’Yves Boisset
(****) article paru dans « Le Nouvel Observateur » du 5 avril 2007, page 132.