Comedie satirique
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LE PRIX A PAYER

Alexandra Leclère (France 2007 - distributeur : Cinéart)
95 min.
18 avril 2007
LE PRIX A PAYER

« Le prix à payer » est un film qui, en miroir à la délicatesse de son accroche publicitaire, « Pas de fric, pas de cul » donne à l’esprit français cette épaisseur de gauloiserie et de gaudriole prisée de ceux qui ont le rire aisément spontané et gras.

Un riche homme d’affaires et son chauffeur décident de couper les vivres à leurs épouses, en guise de représailles à la disette sexuelle dans laquelle ils sont entraînés contre leur gré par ces modernes Lysistrata.

Déjà dans son premier film « Les sœurs fâchées », Alexandre Leclère, rompant avec un certain ronron du cinéma français, comptait les rounds et les KO qui ponctuaient les retrouvailles d’Isabelle Huppert et de Catherine Frot. Son film était à l’image de ses deux actrices : drôle, élégamment débridé et parfois touchant.

Dans « Le prix à payer », la ressemblance est plus à rechercher du côté des acteurs masculins. Elle est sonore et taillée sans pincettes comme Gérard Lanvin, ordinaire et molle comme Christian Clavier.

Est-il possible de regarder ces couples frustrés sans éprouver une impression de divers malaises ?
Malaise devant l’incarnation par Clavier d’un bourgeois insidieusement odieux (pourquoi lancer une liasse de billets de banque à la femme de ménage qu’il licencie ?). Malaise devant l’irresponsable saccage (*) d’une garde-robe dont les coûteux vêtements sont sacrifiés au nom d’une mesquine vengeance. Malaise enfin devant un discours filigrané d’une misogynie qui humilie et considère que le chantage est le seul mode d’échange relationnel que peut comprendre une épouse.

« Le prix à … » n’est pas un vaudeville - il n’en a pas les dialogues légers et caustiques. Il n’est pas non plus une parodie des relations conjugales - il n’en a pas le cynisme, il est juste vulgaire. Il n’est pas une crypto-critique des différences sociales - les mêmes vexations sont imposées par le patron et son employé à leurs épouses respectives.

Reste pour ne pas sombrer dans l’ennui, à s’imaginer inversant l’accroche du début de film en « du fric, du cul ». Façon de se rappeler, comme on compte les moutons avant de s’endormir, le nombre impressionnant de films qui déclinent la puissance de l’argent dans les relations humaines en général et amoureuses en particulier.

Pourquoi alors décerner une caméra à ce film ? A cause de Nathalie Baye, qui impériale comme toujours, compense le manque d’allant du scénario par un jeu délibérément outrancier. Son talent
et son sens de la composition ne nous feraient peut-être pas prendre des vessies pour des lanternes mais ils sont suffisants pour nous donner l’envie de mettre le prix à l’achat d’un ticket de cinéma. (m.c.a)

(*) qui donne une furieuse envie d’adhérer au parti communiste...