Drame familial et politique
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Coup de coeurCAUTIVA

Gaston Birabel (Argentine 2003 - distributeur : Open Doek Film Distributie)

Barbara Lombardo, Susanna Campos, Hugo Arana

117 min.
29 mars 2006
CAUTIVA

La grande Histoire n’est jamais innocente. Parce qu’elle sert de toile de fond obligée aux petites histoires de chacune. C’est ce que découvraient les adolescents chiliens du beau film « Machuca » de Andres Wood.
Et c’est ce que va découvrir dans « Cautiva » Christina, une jeune argentine qui vit, à Buenos Aires en 1994, une existence agréable et insouciante qui semble protégée de la cicatrisation des blessures laissées par un passé récent rongé par des années de junte militaire.

Un jour, ce modèle de vie équilibrée vole en éclats : Christina apprend, sans ménagement, qu’elle n’est pas la fille biologique de ses parents mais qu’elle a été adoptée par ceux-ci il y a 16 ans.

Comment réagir à une telle nouvelle qui vous secoue dans les tréfonds de l’âme ?

Et c’est là que le film acquiert sa grandeur et sa sensibilité particulières. Jamais Christina ne cédera au désespoir et à ses excès – vraisemblablement parce que ses adoptants, s’ils lui ont menti sur ses origines, ont été sincères dans l’affection qu’ils lui portent et lui ont de ce fait donné un équilibre et une confiance en elle.

En faisant connaissance de sa famille de sang, elle va souhaiter comprendre ce qui lui est arrivé. Et entamé une enquête personnelle qui l’amènera à découvrir qu’elle est une de ces enfants nés en prison, de mères enfermées comme opposantes au régime, et remis dès leur naissance à des familles qui ont la bonne couleur politique.

Ce film est magnifique parce qu’il est soutenu par des acteurs crédibles au jeu juste et inspiré. Un 10 pointé est à accorder à la jeune Barbara Lombardo dont l’intensité nuancée rappelle toutes ces jeunes actrices magnifiques qui ont été révélées par ces films qui se gravent en vous par leur thématique forte comme les « Magdalena Sisters » de Peter Mullan ou « Maria Full of Grace » de Joshua Marston. .

Filmée avec simplicité et retenue, cette histoire émeut parce qu’elle rappelle que parfois l’adoption s’apparente à l’appropriation, que toujours on est prisonnier du temps et du lieu de sa naissance et qu’il faut du courage pour assumer les conséquences d’une situation que vous n’avez pas générée.

« Cautiva » appartient à ce cinéma vivant et généreux qui permet à la singularité des existences de chacun d’advenir malgré les difficultés ambiantes et les embûches du destin.

Courez le voir, vous en sortirez fortifiés. (m.c.a)