A voir avec les ados
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JESUS CAMP

Heidi Ewing & Rachel Grady (USA 2006 - distributeur : Cinélibre)

Une chef de meute - Becky Fischer - et un asile d’aliénés en devenir

85 min.
12 septembre 2007
JESUS CAMP

Quo Vadis America ?
Droit dans le mur s’il faut en croire les images édifiantes de ce reportage réalisé par deux jeunes femmes dont l’une, Rachel Grady, a été… détective privé.

Profession qui l’a sans doute aidée à flairer un bon sujet et à en débusquer le potentiel de dangerosité.

Aux Etats-Unis, il y a entre quatre-vingt et cent millions d’Evangélistes, ces protestants radicaux – fous de Jésus comme d’autres le sont d’Allah - qui ne jurent que par la Bible et le militantisme.

Leur force est effrayante parce que bien réelle. Ils ont soutenu la réélection de G.W.Bush en 2004 et depuis l’arrivée d’un des leurs comme juge à la Cour Suprême, il est à craindre que l’idée même de la Justice soit plombée par un conservatisme d’un autre âge et son cortège de régressions anti-avortement, pro-peine de mort et théorie créationniste.

Organisés en confréries, ces chrétiens n’ont rien à envier aux musulmans ou aux juifs les plus orthodoxes. Quand l’amour de Dieu devient la référence, tous les fanatismes se ressemblent et glacent d’horreur par la certitude qu’ils véhiculent de détenir la vérité.

Présence et obéissance au fils de Dieu qu’il faut marteler, pour la graver à jamais, dans la tête des enfants dès leur plus jeune âge. Programme auquel s’applique la « fondamentaliste » WASP Becky Fisher. Sorte de Cruella de la manipulation qui rêve de transformer les dalmatiens en rotweilers, elle s’est donnée pour mission d’endoctriner les âmes dont elle a charge, durant les vacances.

Dans son camp "Kids on Fire", en lisière de la Bible Belt qui ceint (saint) le Sud des Etats-Unis, on ne chante pas « 1 km à pied, ça use, ça use … », on est biberonné de discours tissés de haine et de véhémence, n’hésitant pas à déclarer que « dans l’Ancien Testament Harry Potter aurait été mis à mort »…

Madame Fisher est une femme redoutablement franche. Loin de la philosophie filandreuse et masquée des scientologues, son engagement est simple et clairement exposé : former une génération qui soit empreinte de pureté et de sainteté. Les deux mamelles d’un fascisme post moderne qui ne dit pas son nom.

Mobilisée par sa foi, au point d’en être aveuglée, cette Savonarole en jupons semble ne s’être jamais inquiétée de l’orientation que les deux réalisatrices comptaient donner à leur travail.
Comme s’il était hors de son entendement que soit remis en cause sa conviction d’être dans le bon, le juste et le vrai.

Il faut dire que, contrairement à la cautèle michaelmoorienne, le parti pris des réalisatrices est celui d’une camera blanche qui montre sans commentaire, faisant confiance à la force de leurs images et à l’intelligence du spectateur à se forger sa propre opinion.

L’Amérique a toujours entretenu, avec la religion, un rapport ambigu. Ecartelée, comme dans les westerns entre Bible et Colt, c’était une force. Emmurée dans le dogme, ca devient une folie (m.c.a)