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LA FRANCE

Serge Bozon (France 2007 - distributeur : les Films de l'Elysée)

Sylvie Testud, Pascal Gregorry

100 min.
5 décembre 2007
LA FRANCE

Parce qu’il y a des cicatrices de l’Histoire qui peinent à se refermer, la Première Guerre Mondiale n’a jamais cessé de hanter les imaginaires.

Il y a deux ans, lors de son gala annuel, CinéFemme présentait, avec le succès que l’on sait et en avant-première le « Joyeux Noël » de Christian Caron. En début d’année 2007 sortait le sensible "Les fragments d’Antonin" de Gabriel Le Bomin avec les étonnants et complémentaires Niels Arestrup et Gregori Derangère.

Aujourd’hui c’est Serge Bozon qui revient sur ce conflit dans le film « La France » qui présente la particularité de travailler sur les notions de l’absence et du temps.

En effet ce film de guerre est (quasiment) sans combat et ce film d’amour ne montre que la personne aimante, laissant la personne aimée hors champ, fors les singulières dernières images dont on peut se demander si elles sont réelles ou rêvées.

Camille attend depuis 3 ans le retour de son mari parti au front. Un jour elle reçoit une lettre de son époux lui demandant de l’oublier. Elle décide de partir à sa recherche, travestie en soldat.

Commence alors une sorte d’Odyssée chantante dans la campagne du Nord de la France en compagnie d’une étrange troupe de poilus cornaqués par un Pascal Greggory hanté par un mystère que l’on perd toute envie de percer au fil d’une réalisation qui s’enlise très vite et très profondément dans un ennui dont on ne revient pas.

Il manque de tout dans cette « France » : de l’émotion, de l’intérêt, de la cohérence - quoiqu’en temps de guerre cette dernière exigence, comme celle d’une certaine crédibilité, relève de l’utopie tant les cadres du vraisemblable sont malmenés par la folie qui s’empare des esprits lorsque les corps sont à tout instant menacés.

Seule émerge de cette narration improbable une Sylvie Testud dont la fragile détermination fait une fois de plus merveille et parvient à sauver « La France » d’un désastre annoncé.

On pense parfois à la légende du joueur de pipeau d’Hamelin reprise, dans leurs contes, par les frères Grimm. Et à Jacques Demy parce qu’il a mis en images cette légende (*) et parce qu’il a, lui aussi mais avec infiniment plus de talent, créé des œuvres mélangeant dialogues et chansons.

Toujours intéressants dans leur approche des films qu’ils analysent « Les cahiers du cinéma » du mois de novembre 2007 proposent une lecture formelle de « La France » - cadrage au taquet, maîtrise du paysage…et des couleurs, art constant du chaud-froid - qu’il n’est pas inutile de parcourir pour nuancer l’ulcération ressentie à la prétention inutile qui suinte de la mise en scène de Bozon. (m.c.a)

(*) Dans « The pied piper » sur un scénario d’Andrew Birkin, le frère de Jane B. mise en scène par Agnès Varda, l’épouse de Jacques Demy. Le monde du cinéma est décidément un village ….