Drame lyrique
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THE NEW WORLD

Terence Malik (USA 2005 - distributeur : Kinepolis Film Distribution)

Colin Farrell, Q’Orianka Kilcher, Christian Bale, Christopher Plummer

135 min.
8 mars 2006
THE NEW WORLD

Comme toujours chez Malik (« The red line ») l’ampleur et la beauté de ses entrées en pellicule font frissonner. Découvrir la nature de la Virginie en 1607 en compagnie de sa caméra est aussi magique que d’entendre l’ ouverture d’un opéra de Wagner (dont justement « Das Rheingold » accompagne l’arrivée des caravelles anglaises sur le rivage).

Cet envoûtement, s’il s’estompe un peu au fil d’images parfois trop complaisamment magnifiées, doit beaucoup au fait que Malik est un cinéaste de la lenteur (de l’ennui disent ses détracteurs), capable de rendre palpable l’expérience du temps qui s’écoule.  

Son histoire repose sur une histoire vraie, transformée en légende depuis que les explorateurs Lewis et Clark en ont fait état dans leurs carnets de voyages : l’amour du capitaine Smith et de la princesse Pocahontas (à laquelle Walt Dysney a rendu un bien mièvre hommage en 1995).

A-travers l’évolution de celle-ci, Malik va s’interroger sur l’identité des « Naturals » (les indigènes), sur la contamination de leur innocence par des colons, qui même s’ils prétendent
ne pas être venus pour « piller et tuer », apportent avec eux les armes à feu et leur cupidté pour l’or.

Mâtiné de philosophie rousseauiste (comme « Little big man » d’Arthur Penn ou « A man called horse » d’Elliot Silverstein ) et chamanique, le film porte un regard captivant et captivé sur une époque où la relation avec la Nature était encore mystique et fusionnelle.

« The new world » n’est pas qu’angélisme et candeur, il souligne âprement le poids des différences culturelles et les ambiguïtés de Smith qui, aventurier dans l’âme, abandonnera sa belle amoureuse pour entamer des missions de reconnaissance vers les Indes.

Pocahontas quittera l’Amérique pour les brumes de l’Angleterre et ses fastes royaux - elle sera présentée au Roi de l’époque, Jacques Ier Stuart. Elle y mourra à l’âge de 22 ans, victime d’un mal physique (la pneumonie) mais aussi peut être aussi d’un mal psychosomatique initié par les séparations de sa terre natale et de son premier amour dont l’intensité obsessionnelle fait penser à celui de Solal pour la « Belle du Seigneur » d’Albert Cohen.
Sa tombe existe à l’embouchure de la Tamise à Gravesend et, au XIXe siècle, a été une destination de choix pour des générations d’auteurs romantiques. (m.c.a)