Dessin animé de qualité stylistique +++
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POMPOKO

Isa Takahata (Japon 1994 - distributeur : Paradiso Filmed Entertaiment)
119 min.
22 février 2006
POMPOKO

Pompoko est un harmonieux mélange de modernité et de tradition.
Modernité, parce que réalisé dans les années 1990 dans les studios Ghibli, il est à la pointe de la technique du dessin animé et tradition, parce que l’histoire est empreinte de cet esprit spécifiquement nippon : le shintoisme qui prête à ce qui vit une âme et un pouvoir.

Pouvoir notamment de la métamorphose qui vont permettre aux Tanukis, esprits des forêts incarnés en animaux, de partir en guerre contre les humains qui menacent leur habitat.

Autant ce film est graphiquement beau - ses couleurs rappelant par leur vivacité celles des kimonos les plus colorés - autant son message est grave voire pessimiste .
Les Tanukis pourront-ils longtemps résister à l’invasion des humains ou leur survie passera-t-elle par un nécessaire et avilissant compromis avec l’ennemi ?

En filigrane le problème posé par « Pompoko » est double.
Il est tantôt celui de l’identité en l’occurrence japonaise (mais toute extrapolation de nationalité est permise) face aux dangers de sa dilution par une mondialisation phagocytante et tantôt celui
du comportement destructeur de l’homme envers ses congénères et envers la Nature.

Takahata est un cinéaste qui partage avec l’écrivain Mishima, un regard nostalgique sur l’histoire emportée par l’inéluctabilité de la marche de l’Histoire.
Souvenez-vous de la désespérance de son « Tombeau des lucioles » (1989) qui raconte l’histoire
de deux enfants rescapés des bombes atomiques de 1945.

Pompoko, film poétique à la résonance universelle, accroche par sa beauté formelle à laquelle deux des plus grands réalisateurs se sont attelés. En effet si Takahata en est officiellement le créateur, il a réalisé son film sur base d’une idée de l’autre grand du dessin animé nippon : Hayao Miyazaki. Un peu comme dans la Venise du XVIII, Canaletto et Guardi unissaient leur talent pour donner de leur cité une vision unifiée.

Ce film s’adresse autant aux enfants (à partir de 7 ans) qu’aux adultes qui seront charmés par la force esthétique de ses images et invités à la réflexion par son propos. 

Il existe au Japon une autre forme d’expression que le manga. Ayons envers elle la réaction d’un Tanuki afin qu’elle puisse toujours exister. (m.c.a)