Bof ...
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SEX & THE CITY

Michael Patrick King (USA 2008 - distributeur : Paradiso Filmed Entertainment)

Sarah Jessica Parker, Kim Cattrall, Kristin Davis, Cynthia Nixon

137 min.
4 juin 2008
SEX & THE CITY

31 mai 1998 - 4 juin 2008.
Deux dates, celle de la première diffusion sur petit écran d’un feuilleton destiné à devenir culte et celle de la sortie sur grand écran d’un film qui en est à la fois la continuation et la crucifixion.

Une épitaphe : ci-gît l’esprit frondeur d’une bande de quatre amies qui, Rastignac en jupons branchés, défiaient ce qui restait de sexuellement coincé à Manhattan/New York dans une série télévisée faite de 6 saisons, 94 épisodes et 2.068 minutes.

Adaptation télévisée déjà expurgée du cynisme et des références aux drogues dures d’un recueil de chroniques signées Candace Bushnell, « Sex & the city » (*) devient au cinéma l’antichambre d’un roman à la Barbara Cartland.

Du rose et du bleu. Des mariages, des réconciliations, des naissances. Du gnangnan, du sucré et du friqué.

Bien dans l’esprit actuel d’un certain cinéma, qui oublie qu’il a été de l’art et de la technique, pour devenir du commerce comme le souligne, avec une saine colère aussi aiguisée que les stilettos de Miss Parker, Pascal Merigeau dans son pamphlet « Cinéma : autopsie d’un meurtre ».

S’il n’y a pas l’ombre d’un scénario, ni d’une idée dans ces aventures, que l’on souhaite ultimes, de celles qui nous avaient séduit(e)s par leur fraîcheur délurée.

S’il n’y a pas à proprement parler de jeux d’acteurs, chacun et chacune se contentant d’endosser à la façon dont un cintre porte un vêtement, un archétype de quadragénaire urbain, débarrassé des soucis de la « Struggle for life », hystériquement focalisé sur son (petit) noyau affectif et aseptisé donnant parfois l’impression d’une Big Apple qui aurait été karchérisée au nom d’une romantique bienséance.

Il y a un monumental et écœurant hymne au propre, au cher et au hype qui joint à la désolante constatation que les héroïnes (et héros) ont depuis leur dernière apparition au petit écran, il y a quatre ans, pris un fameux coup de vieux, maigreur et botox confondus, qui consterne.

Et déprime parce qu’il souligne qu’au fond nos « Fantastic four » - Samantha la sex-addict, Miranda la working girl, Charlotte la bourgeoise, Carrie la trendy - n’ont vécu leur liberté sous la forme de galipettes d’un soir et de déboires sentimentaux que dans l’espoir de vivre un grand amour.

Ramenant en quelque sorte les combats de Simone de Beauvoir et Germaine Greer à la course au mari et à la famille.

S’ennuyant ferme devant ce fatras de névroses habillées en fonction sans doute du tiroir-caisse des marques citées - une forme fifth avenue de « Tax Shelter » ? -, l’on se prend à rêver d’une déclinaison sur le sujet par un Tarentino (halluciné), un Ken Loach (social), un John Woo (hyperkinétique) et un Bouli Lanners (bouleversant).

Ou une Catherine Breillat qui philosopherait avec intelligence sur la ou les raisons de la frénésie femelle à se caser ou à compenser.

« Tout ça pour ca ? » comme l’a déjà constaté Lelouch.

Et oui… et en plus ça fonctionne si l’on en juge par le nombre d’entrées après 4 jours d’exploitation.

Pour celles et ceux qui ne marchent pas dans ce genre de récupération mais qui s’intéressent au Sexe (avec ou sans City), reste la lecture du magazine Lire de ce mois de mai 2008.

Et notamment de son dossier « La philosophie et la sexualité ». Rappelant que les pratiques des Diogène, Diderot, Foucault et autre Schopenhauer ne sont pas sans rapport ( !) avec leurs idées qui étaient pour leur époque drôlement peccamineuses.

Alors pourquoi mettre une étoile au film ? Par nostalgie pour une série aujourd’hui disponible en DVD et par sympathie pour une Kim Cattrall dont l’enthousiaste ardeur à prendre d’assaut les forteresses réputés imprenables (les prêtres, les homosexuels, les époux fidèles …) est plus efficace que tous les citrates de Sildénafil. (m.c.a) 

(*) Parution française en livre de poche