Dessin animé de qualité stylistique +++
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LA TRAVERSEE DU TEMPS

Mamoru Hosada (Japon 2007 - distributeur : Le Parc Distribution)
98 min.
11 juin 2008
LA TRAVERSEE DU TEMPS

Il n’a pas que les miroirs qui peuvent être traversés. Et l’Angleterre n’a pas le monopole des écrivains qui savent écrire pour la jeunesse en se jouant de l’idée même de paradoxe.

Le cinéaste Hosada s’est inspiré d’un roman écrit il y a plus de 40 ans par Yasutaka Tsutsui, lui-même influencé dans ses écrits par Freud et … les Marx Brothers. Ce qui donne à ses histoires le sens du rebondissement des seconds et le goût pour l’introspection du premier.

Makoto est une jeune fille ordinaire qui découvre un jour qu’elle peut remonter le temps. A charge pour elle d’assumer les conséquences de ses déplacements « back to the past ».

Très vite consciente de la potentialité divinatoire de son pouvoir, Makoto décide d’en faire usage pour résoudre ses problèmes d’écolière et ses relations avec les garçons.

Commence alors une visitation des alternatives proposées par le destin autour d’une scène pivot qui chaque fois qu’elle est revécue devient le point de départ d’une piste nouvelle.

Cette scène dans laquelle la jeune fille fonce vers un passage à niveau peut-être perçue dans sa réalité matérielle - elle sert de point de départ à une nouvelle occurrence - ou dans sa dimension initiatique - Makoto est une adolescente qui doit apprendre à faire face à une plus grande complexité de choix et à se montrer par rapport à celui qui est décidé responsable.

Devenir une adulte n’est pas toujours a "piece of cake". Les tensions avec les autres existent et croire que l’on maîtrise le cours des choses est un leurre.

Si l’on n’est pas avec « La traversée … » au niveau d’un Miyazaki, il reste quand même la séduction graphique et chromatique d’une réalisation dont les traits limpides et pragmatiques contrastent agréablement avec un contenu qui peut paraître, pour un non habitué des mangas, éclaté.

Ce dessin animé plaira aux plus jeunes mais aussi aux plus âgés qui peuvent y voir le croisement fructueux entre deux théories.

Celle de l’historien Veyne selon laquelle un événement n’est jamais prédictible mais uniquement explicable. Et pour cela il faut attendre qu’il ait eu lieu.

Et celle des métafictionnalistes (Ballard, Tsutsui lui-même) selon lesquels la puissance optionnelle de chacun est barrée par la nécessité de faire face au choix qui a été posé.

C’est ce qui donne aux traversées de Makoto leur côté intrépide et moraliste. (m.c.a)

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