Chronique familiale
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MRS.RATCLIFFE’S REVOLUTION

Bille Eltringham (GB 2008 - distributeur : Cinéart)

Catherine tate, Brittany Ashworth, Heike Makatsch, Iain Glen

102 min.
23 juillet 2008
MRS.RATCLIFFE'S REVOLUTION

Méfiez vous des femmes au foyer. Elles sont parfois ce qu’elles n’ont pas l’air d’être. Elles peuvent, par leur présence faussement naïve et soumise, pimenter une histoire qui, sans elles, aurait bien moins d’intérêt.

Les eaux dormantes cachent parfois des rivières tempétueuses. C’est ce que nous montre ce petit film charmant qui ne révolutionnera pas le monde de la cinéphile mais fera naître la bonne humeur chez celui qui le regarde et qui, sans chercher au-delà de ce qu’il a à offrir - des moments insolites et amusants - se laissera séduire par la famille Ratcliffe. Un peu comme il l’avait été par la famille Hoover dans "Little Miss Sunshine" de Jonathan Dayton et Valerie Faris.

Le père Ratcliffe, Frank, communiste fervent à Bingley, minuscule bourgade du Yorkshire décide d’emmener sa famille dans un pays de l’Est pour pratiquer, in situ, la religion marxo-léniniste.

Il mettra du temps à se rendre compte que la vie sur place n’a rien à voir avec les idéaux qui le faisaient rêver d’un monde plus juste et plus égalitaire.

Même si l’histoire est légère comme une bulle de savon, que son dispositif narratif n’est qu’une succession de chromos prévisibles et que ses personnages ne sont que des silhouettes plus esquissées que dessinées, il reste pour soutenir le fragile édifice, Catherine Tate (*). Cariatide sur laquelle repose toute l’entreprise.

Roborative mère de famille qui, face à l’adversité, va se découvrir des talents jusque là ensevelis sous les corvées routinières de la parfaite « middle class house wife », coincée entre la rituelle « nice cup of tea », l’obéissance à l’époux, les démêlés avec deux adolescentes plutôt rebelles et les emplettes au marché du coin.

Sur les écrans, cet été fleurissent les super-héros. « Hulk », « Hancock », « Wanted ». Ne boudons pas le plaisir d’assister à la transformation d’une banale mère de famille en aventurière mue par le désir de sauver les siens d’un aveuglement qui leur a fait prendre des vessies pour des lanternes.

Sans jouer à Lara Croft , sans avoir l’intelligence déterminée de Sandrine Bonnaire dans « Est-Ouest » (**) de Régis Warnier mais en partant juste de ce qu’elle sait faire, organiser avec des bouts de ficelles la tenue d’une maison, Mrs. Ratcliffe va organiser la fuite des siens vers des cieux plus sereins.

S’improvisant chef de clan et inattendue outsider d’une évasion, c’est avec un déroutant bon sens lui permettant d’apprivoiser les situations les plus invraisemblables, qu’elle va accomplir sa révolution.

Par une prise en compte de son utilité personnelle et un démontage de l’idéologie marxiste, qui même s’il n’est un fétu de paille à côté de la force démonstrative de films comme « Soleil trompeur » ou « Das leben der anderen » (***), rappelle à tous qu’avec un peu de jugeote toutes les pensées uniques peuvent être démasquées.

Les Ratcliffes n’auraient été que des Duratons anglais si les péripéties de leur vie ne les avaient emmenés au-delà du rideau de fer.

Le franchissement de ce Rubicon moderne va les révéler à eux-mêmes et révéler aux spectatrices ce qu’elles savent depuis longtemps : leur capacité à appréhender des situations difficiles au quotidien est plus rapide et moins candide que celle de leurs compagnons.

C’est pourquoi sans doute, pour elles les montgolfières sont faites pour échapper au danger.

Pour eux - « Empties » de Jan Sverak - elles sont un moyen de se délester du réel.

« Mrs. Ratcliffe’s revolution » est basée sur une histoire vraie. Dans les années 1960 une famille quitte la verte Angleterre pour fonder un nouveau home en Allemagne de l’Est.

Là où les « Eastern promises » deviennent rarement réalités. (m.c.a)

(*) Surtout connue pour son show télévisé et ses apparitions sur le petit écran britannique
(**) Film dans lequel une jeune femme déçue de sa vie en Russie, où elle a choisi d’accompagner son époux, décide de rentrer chez elle. En France
(***) de Nikita Mikhalkov et de Florian Henckel