Drame
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IL DOLCE E L’AMARO

Andrea Porporati (Italie 2007 - distributeur : ABC Distribution)

Luigi Lo Cascio, Vincenzo Amato, Donatella Fincocchiaro, Renato Carpentieri

98 min.
30 juillet 2008
IL DOLCE E L'AMARO

Dans son dernier roman « Malavita encore » (*), Tonino Benacquista lance un clin d’œil à la série « Soprano » et se demande s’il y a une vie après la Mafia.

Dans « Il dolce … », Andrea Porporati se demande si faire partie de la Mafia est une vie.

Palerme, ses musées, ses églises, ses palais anciens. Et sa coterie.

Celle qui, araignée toujours à l’affût, embauche (débauche ?) les jeunes gens pauvres et désœuvrés pour de petits boulots d’abord. Pour des vols et crimes de sang ensuite.

Saro Scordia, encore adolescent est repéré par le parrain de son quartier, la Kalsa. Séduit par le « bling bling » mythique de l’Omerta - respect, solidarité, honneur - et par une sorte de fatalité familiale - son père était un membre de la « famiglia » -, il entre dans ce monde dont il va découvrir la quotidienneté assassine.

Ce qui est intéressant dans ce film, à la fois grave, violent et parfois saugrenu, c’est moins l’image qu’il donne de l’Organisation que celle d’un parcours d’homme.

Que l’on va suivre dans ses doutes, questionnements et remises en question.

Par son approche douce-amère (« il dolce e l’amaro ») de l’ambiguïté de la notion même d’affranchi puisque celui-ci est dépendant d’un système dont les contraintes ne se révèlent que peu à peu, le cinéaste pose sur une réalité noire un regard singulier.

Qui n’exempte pas son personnage de responsabilités tout en soulignant néanmoins la force du hasard dans le flux des conséquences engendrées par le choix posé à un âge tendre d’entrer dans un système que l’on n’imaginait pas clos à toute issue autre que sa propre finalité.

Pour rendre les tourments du piège qui se referme sur celui qui l’a mis en place, un acteur "magnifico" : Luigi Lo Cascio (« La meglio gioventù » de Marco Tullio Giordana et « La bestia nel cuore » de Cristina Comencini ).

Il fait partie de ce « ratpack » transalpin de beaux et bons acteurs que sont Kim Stuart Rossi (« Libero »), Riccardo Scarmarcio (« Mio fratello è figlio unico »), Stefano Accorsi (« Romanzo criminale »). (**)

« Il dolce … » est un film fissuré. Parce qu’il parle de conscience et d’éveil à celle-ci par quelqu’un qui patauge depuis longtemps dans le sordide et l’odieux.

Il est en quelque sorte l’apers « moral » ou la caution « Jiminy Cricket » de la « Gomorra » de Matteo Garrone, ce film sans pitié sur la mafia napolitaine, qui a remporté à Cannes, cette année, le Grand Prix.

Et qui est attendu sur nos écrans avant la fin de l’été. (m.c.a)

(*) Paru aux édictions Gallimard
(**) Dans l’ordre de Kim Stuart Rossi, Daniele Luchetti et Michele Placido.