Deux regards - deux opinions
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BLIND LOVES

Juraj Lehotsky (Slovaquie - distributeur : Benelux Film Distributor)

Peter Kolesár, Iveta Koprdová, Miro Daniel, Monika Brabcová, Jolana Danielová, Anna Brabcová, Zuzana Pohánková, Radoslava Badinková, Manzelia et Elena et Laco s dcérou Gabikou.

77 min.
11 février 2009

« J’aimerais te rencontrer mais je ne sais pas ou te chercher. »
A travers Blind Loves, le réalisateur, Juraj Lehotsky, conte quatre histoires reliées par la thématique de l’amour et par une particularité des protagonistes : ils sont aveugles.
Peter Kolesár est professeur de musique au collège pour enfants aveugles de Levoca en Slovaquie. Il vit avec sa femme dans un HLM. Ses deux grandes fenêtres sur le monde sont la télévision, qui illumine la pièce plongée dans l’obscurité, et son imaginaire. Miro Daniel est un gitan aveugle. Il est amoureux d’une femme blanche très mal voyante. Les parents de cette dernière désapprouvent la relation à cause des origines du jeune homme.
Elena et Laco sont un couple aveugle. Ils attendent un enfant et se posent mille questions quant à l’arrivée de l’enfant. Sera-t-il aveugle ou voyant ? S’il est voyant, il pourra raconter ce qu’il voit ; mais s’il naît aveugle, ce serait plus simple, il pourra plus facilement développer ses autres sens avec des parents qui le comprendraient vraiment.
La dernière histoire est celle d’une jeune fille de quatorze ans, Zuzka Pohanková, qui va passer sa première année dans un lycée non spécialisé où elle sera donc la seule non-voyante. Elle aime la musique classique et, comme toute adolescente, rêve de trouver l’amour. Elle passe son temps sur internet où sa cécité peut passer inaperçue à ses interlocuteurs.
Ce film est finalement très proche du documentaire. Les vraies histoires de ces acteurs, non professionnels et aveugles, ont inspiré le scénario.
Au long du film, le réalisateur radiographie ces yeux qui ne voient pas. Il a su rendre l’importance du toucher, de l’audition et du mouvement par la synesthésie de plans de matières, de lecture en braille, de doigts qui tricotent, de sons, de paroles, de situations.
Lorsque le saut en ski passe à la télévision, Peter Kolesár compte le temps entre le décollage et l’atterrissage pour estimer la longueur du saut. Lorsque sa femme tricote, il raconte des histoires en les accompagnant au synthé. Il s’imagine notamment en héros de Vingt mille lieues sous les mers, et, dans un changement total de facture, raconte sa rencontre tactile avec la pieuvre géante.
Ces histoires sont délivrées au spectateur sur un mode pudique et pourtant très généreux.
L’équipe du film a pris son temps, avec trente-six jours de tournage, répartis sur cinq ans afin de rendre compte de la beauté d’avoir un monde visuel via les rêves et les sensations plutôt que de tomber dans la facilité d’un mélodrame sur la difficulté d’être aveugle. (Hélène Briffeuil).